Les portes du possible, imaginer le futur
Les portes du possible, la grande exposition temporaire de cet hiver du Centre Pompidou Metz, nous raconte une histoire en cinq chapitres où art, littérature et science-fiction se mêlent pour imaginer d’autres futurs.
Dès l’entrée, le ton est donné : nous n’allons pas visiter une exposition sur l’art et la science-fiction, nous allons plonger dans une réalité alternative. La scénographie est très présente et participe de l’exposition, créant un univers loin du classique white cube. Les cimaises sont éventrées, ouvrant des brèches entre les espaces et laissant apparaître leur structure. Au sol, certaines dalles grillagées nous dévoilent les espaces techniques, leur éclairage jaune contrastant avec la pénombre des salles.et dans ce monde aux allures post-apocalyptiques, l’art se loge partout, sur les murs et dans les failles, telles des manifestations de vie anarchiques et obstinées.
Mais le propos ici n’est pas catastrophiste, au contraire. Il s’agit de laisser courir notre imagination sur les décombres pour y trouver l’inspiration pour des futurs possibles. Car si la science-fiction, que l’on associe plus volontiers avec la littérature ou le cinéma, met en scène le futur, c’est pour mieux parler du présent en prenant de la distance. Et ainsi, même si la situation dans laquelle nous nous trouvons, aujourd’hui la crise climatique, semble sans issue, la science-fiction nous donne l’espoir de solutions, d’autres façons de vivre.
Et nombreux sont les artistes plasticiens, écrivains, architectes et cinéastes à inventer le futur dans leurs œuvres. La création intervient souvent en réaction à un contexte global, et la genèse de cette exposition n’y fait pas exception puisqu’elle coïncide avec la pandémie du Covid. Alors que toutes ces crises sanitaires, écologiques et sociales sévissent, il apparaît que notre civilisation est arrivée à un point de bascule. Vers quoi nous dirigeons-nous ? La fin du monde, une société dominée par des intelligences artificielles, une nouvelle place au sein du vivant ? Nous sommes ici pour imaginer de nouvelles utopies, tirer les leçons du présent et lui trouver une alternative.
Avec plus de 200 œuvres allant des années 1960 à nos jours, l’exposition met de côté les imaginaires à base d’extra-terrestres et de robots tueurs pour se focaliser sur la science-fiction ancrée dans la contestation et l’ouverture des consciences aux problèmes de société. A partir de la situation actuelle, la SF explore les hypothétiques futurs et propose des alternatives à la pensée dominante. Mais le dernier chapitre sur l’afrofuturisme nous montre que le passé peut également se réécrire pour se projeter différemment dans le futur. En se réappropriant une histoire et une culture libérées du poids de l’esclavage ou du colonialisme, les artistes de l’afrofuturisme viennent tracer leur propre chemin, en parallèle à celui occidental qui leur avait été imposé.
L’exposition, punk dans l’âme, aborde des thèmes tels que les dérives totalitaires, la surveillance des masses, la transformation des humains en données, la soumission à la technologie, l’hybridation des corps ou encore la régénération des liens avec le vivant. Le catalogue est composé autour d’essais inédits d’écrivains tels qu’Alain Damasio, Sabrina Calvino ou Laura Nsafou, d’un glossaire expliquant le vocabulaire de la SF et d’une liste de romans de référence, enrichissant le catalogue des œuvres. Ainsi, nous avons une véritable boîte à outils pour démarrer la construction de notre propre utopie.
Les portes du possible – Art et science-fiction
Du 05 novembre 2022 au 10 avril 2023
Centre Pompidou Metz
Visuels : 1- Aïda MULUNEH, *Star Shine, Moon Glow*, 2018 – De la série « Water Life Series » – Impression giclée sur Hahnemühle Photo Rag Bright White, 80 × 80 cm – Commandé par WaterAid avec le soutien de la H&M Fondation – Courtesy l’artiste et WaterAid – Copyright : © Aïda Muluneh. Used with permission. Commissioned by Water Aid / 2- John ISAACS, *Is More Than This More Than This*, 2001 – Paris, collection Antoine de Galbert, 805 – Cruz Garcia & Nathalie Frankowski / WAI Architecture Think Tank, *Cities of the avant-garde* 2011-2022, Courtesy des artistes © Centre Pompidou-Metz / Photo Marc Domage / 2022 / Exposition Les Portes du possible. Art & science-fiction / 3- Fabrice MONTEIRO, *Untitled #1* (de la série “*The Prophecy*”), 2015 – Impression jet d’encre pigmentaire sur papier Canson Infinity Platine Fibre Rag 310gr, 100 x 150 cm – Édition de 5 + 2 Épreuves d’artiste – Paris, Galerie Magnin-A – Copyright : © Adagp, Paris, 2022 / Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris / 4- Mary SIBANDE, *A Reversed Retrogress, (Scene 2)* 2013 – Vitry-sur-Seine, collection MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, 2014-2144 – Fabrice MONTEIRO, *Untitled #2*, 2014 – De la série « Waxologie » – Paris, courtesy galerie MAGNIN-A, FM1901025H © Adagp, Paris, 2022 © Centre Pompidou-Metz / Photo Marc Domage / 2022 / Exposition Les Portes du possible. Art & science-fiction / 5- Mathieu BRIAND, *Étant donné l’origine du monde*, 2016 – Courtesy de l’artiste © Adagp, Paris, 2022 – Gerda STEINER & Jörg LENZLINGER, *The Last Wilderness for Patent Nr. PBR’RYN2008019*, 2013 – Paris, collection Antoine de Galbert, 2199 – Fabrice MONTEIRO, *Untitled #1*, 2013, De la série « The Prophecy » – Paris, courtesy galerie MAGNIN-A, FM1812001E © Adagp, Paris, 2022 – Max HOOPER SCHNEIDER, *Estuary Holobiont* [Holobionte d’estuaire], 2021 – Courtesy de l’artiste, High Art, Paris et Arles, MHS208 et Maureen Paley, Londres © Centre Pompidou-Metz / Photo Marc Domage / 2022 / Exposition Les Portes du possible. Art & science-fiction
