Fictions
« Felicidad » de Frédéric Berthet : Simples journées

« Felicidad » de Frédéric Berthet : Simples journées

28 June 2023 | PAR Julien Coquet

Dans ces neuf nouvelles rééditées, Frédéric Berthet croque des situations de la vie quotidienne faisant intervenir jeunes filles et écrivains en panne d’inspiration.

Difficile d’écrire sur le style de Frédéric Berthet tant ce dernier a joué à être insaisissable. Auteur de cinq livres (dont le très remarqué Daimler s’en va, son seul roman, ou plutôt une longue nouvelle), Frédéric Berthet, attaché culturel à New York dans les années 80 (expérience servant de canevas à la nouvelle « Transit »), fut proche de Barthes et de Sollers. Ses nouvelles ne racontent rien de particulier et prennent souvent le lecteur au dépourvu. Dans « Un père », un jeune homme, au milieu de la nuit, croit reconnaitre son père à l’arrière d’un taxi. Dans « Beaucoup d’autres endroits », une kinésithérapeute fraîchement arrivée rencontre un homme sain d’esprit souhaitant vivre dans un centre de soins. Dans « Felicidad », un écrivain tombe amoureux d’une femme à la folle beauté. Régulièrement, on croise dans ces nouvelles de superbes jeunes filles, des écrivains sur le déclin, des dandys et des conversations sans grand intérêt. On lira surtout la nouvelle « L’écrivain », pleine d’humour, centré sur un auteur reclus à la campagne pour travailler.

« L’écrivain est en pleine forme. Il lui vient de nombreuses idées, par exemple, en matière de politique culturelle. Il devrait former avec d’autres écrivains des Brigades d’intervention culturelle : les B.I.CC liraient à haute voix plusieurs passages d’Homère dans le métro aux heures de pointe, accrochées d’une main aux poignées. Ou bien, des petites choses d’Ovide ou de Sénèque, assises à la droite des chauffeurs de taxi, pendant la durée du trajet. Une association serait créée, ses statuts seraient déposés à la préfecture. Le ministre de la Culture serait obligé de la subventionner. »

Felicidad, Frédéric BERTHET, Editions La Table ronde, Collection La Petite vermillon, 176 pages, 7,50 €

Visuel : Couverture du livre

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Julien Coquet

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