
Emilie de Turckheim brosse la généalogie d’une Sainte
Prix Bel ami pour “Heloïse est chauve” (eho, 2012, voir notre interview), la plume vive d’Emilie de Turckheim affronte le flot de la rentrée littéraire avec le portrait impertinent d’une jeune-femme qui est sûre d’être vouée à devenir sainte.
Pour l’héroïne, pas de grands élans mystiques à la Thérèse d’Avila, pas de stigmates à la sainte Lydwine de Schiedan, mais une certitude : elle est faite pour devenir une Sainte. Bien sûr, à l’école quand on lui demande ce qu’elle veut faire plus tard, elle note “secrétaire”, mais elle n’en pense pas moins, soutenant une vieille amie qui veut devenir comédienne et tombe dans le porno, sa mère alitée et également un prisonnier qu’elle se met à côtoyer comme visiteuse bénévole. Pour continuer à le “sauver” après sa sortie de prison, elle va jusqu’à l’accuser d’un crime qu’il n’a pas commis.
Conservant le ton frais et impertinent qui fait tout son charme, Emilie de Turckheim revient au thème de la visite en prison, inspiré de sa propre expérience à Fresnes et qu’elle avait déjà poussé vers la littérature avec “Les pendus” (2008). Décalée et énergique, son héroïne nous entraîne dans une folie à 20 000 volts, où la foi n’occupe finalement que peu de place. Un joli texte, frais et pointu.
Emilie de Turckheim, “Une Sainte”, eho, 224 p., 18.50 euros. Sortie le 22 août 2013.
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