
Bel-Air : le retour de Lionel Salaün chez Liana Levi
Auteur français dont la plume très authentique nous avait éblouis dans un répertoire americana bien joué avec “Le retour de Jim Lamar” est de retour chez Liana Levi pour le rentrée littéraire 2013. Et cette fois-ci, il nous emmène dans la France des années 1950, autour du café d’un petit village perdu, le “Bel-Air”.
C’est au Bel Air que les garçons en passe de devenir des hommes connaissent leurs premiers émois sexuels en espionnant la serveuse qui se change. Dans la cité de Gérard et France, l’après-guerre conserve un corset qui contraint fortement leur éducation sentimentale. Dans le bruit assourdissant de la guerre d’Algérie qui se prépare, les jeunes-hommes rêvent d’être Marlon Brando et désirent des pin-ups tandis que les filles de leur village remplacent un grand danger: les mettre enceintes et se retrouver prisonnier d’un mariage à vie.
Plein de vie, très juste historiquement et psychologiquement sur l’étau qui enserre la jeunesse provinciale française des années 1950, “Bel Air” transpose en France l’univers rétro et de Bildungsroman light et profond qui avait fait le succès de Jim Lamar. Même sans cow-boy plus âgé pour modèle et un peu moins à la “Mud” que le dernier opus, ce “Bel Air” dégage un climat viril mais subtil dans un monde où les jeunes gens doivent se plier au diktat des adultes qui continuent encore et toujours à faire la guerre. Un autre beau livre de Lionel Salaün.
Lionel Salaün, “Bel-Air”, Liana Levi, 225 p., 18 euros. Sortie le 5 septembre 2013.
“De fait, les Josiane, les Denise ou les Monique n’étaient pas seulement, comme nous autres, des produits de la Cité, mais la Cité elle-même, ses matrices futures, et s’attacher à l’une d’elles revenait à s’arrimer définitivement à la destinée de notre communauté” p. 54.
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