Fictions
« American war » d’Omar El Akkad : Guerre de Sécession, acte II

« American war » d’Omar El Akkad : Guerre de Sécession, acte II

10 September 2017 | PAR Julien Coquet

Avec une très bonne idée de départ, le journaliste américain d’origine égyptienne Omar El Akkad livre un premier roman plaisant.

[rating=3]

C’est le chaos aux Etats-Unis. Encore une fois nous direz-vous… Mais cette fois-ci, c’est grave, très grave : le Mississipi, l’Alabama, la Géorgie, la Caroline du Sud et le Texas ont fait sécession à la suite de la prohibition de l’utilisation d’énergies fossiles. Cette guerre s’étalant de 2074 à 2093 a fortement des airs de guerre de Sécession (une nouvelle fois, le Sud perd) et des petits airs de Première Guerre mondiale avec cette épidémie qui, une fois le conflit terminé, fait 110 millions de morts (rappelons que la peste espagnole tue en 1918 et 1919 50 millions de personnes).

Ce conflit meurtrier, on le suit à travers le parcours de Sarat qui vit heureuse au début du roman sur les berges du Mississippi avec ses parents, son frère et sa sœur. Bien sûr, la guerre n’épargnera personne et Sarat s’engagera dans le conflit malgré elle, plus pour venger les siens que pour servir une cause politique, celle du Sud.

Le roman est malheureusement un peu trop long (450 pages) et assez téléphoné. Cependant, l’entreprise menée par Omar El Akkad est plus qu’intéressante, faisant ressortir les contradictions des Etats-Unis : un Sud ancré dans les traditions et bien décidé à garder les énergies fossiles, une source de revenus importante, face à un Nord plus respectueux de l’environnement. Le Texas, en faisant sécession, a été annexé par le Mexique tandis qu’un grand mur a été érigé tout autour de la Caroline du Nord pour contenir une pandémie mortelle. Au niveau mondial, on apprend que les Européens fuient leur vieux continent pour migrer vers l’Empire Bouazizi, un nouvel empire qui a vu le jour à la suite de multiples révolutions dans les printemps arabes. Quant à elle, la Chine est toujours aussi puissante.

Le genre de la dystopie (1984, Le Meilleur des mondes, Fahrenheit 451, etc.) peut être redevable à Omar El Akkad de livrer là un roman qui s’inscrit parfaitement dans le genre, en abordant politique et écologique. Sans décrire les horreurs de la guerre (sauf la captivité de Sarat détenue dans un Guantanamo 2.0), ce roman fait le portrait d’un conflit dévastateur qui détruit l’espoir et l’humain sur son passage.

« La seconde guerre de Sécession a eu lieu entre 2074 et 2093, opposant l’Union aux Etats séparatistes du Mississippi, de l’Alabama, de la Géorgie et de la Caroline du Sud (ainsi que du Texas, avant l’annexion mexicaine). La cause principale de cette guerre était la résistance du Sud à l’Amendement pour un futur durable, visant à prohiber l’utilisation d’énergie fossile aux Etats-Unis. Le projet de loi, défendu par le président Daniel Ki, était une réponse aux décennies de changement climatique défavorable, au déclin du poids économique des carburants fossiles et au déraillement meurtrier d’un train à pétrole à Williston, Dakota du Nord, en 2069. »

American War, Omar El Akkad, Flammarion, 464 pages, 21,90 euros

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Julien Coquet

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