Factory Parano
La plume vive et suédoise de Sara Stridsberg s’empare de Valerie Solanas, auteure féministe du SCUM Manifesto, et connue pour avoir tiré sur Andy Warhol en 1968. Mieux, Stridsberg saisit au vol Valerie Solanas et en fait ce qu’elle veut, c’est-à-dire un personnage de roman. Malheureusement la fascination tourne vite à l’ennui. Sortie le 26 août.
Dès le début du roman, Sara Stridsberg est catégorique : “La faculté des rêves n’est pas une biographie mais une fantaisie littéraire“. De manière volontairement décousue, l’auteure va éclairer certains aspects de son personnage, la mettant en scène dans son dernier lit d’hôtel, à la Factory, auprès de sa mère, Dorothy, dans son enfance, et à l’hôpital psychiatrique après avoir flingué le maître. Elle imagine aussi des dialogues entre elle-même et son personnage et les listes alphabétiques qui peuvent trotter dans la tête de la féministe violée dans son enfance et vendant son corps pour subsister malgré de brillantes études de psychologie et un certain succès d’estime pour le SCUM manifesto.
L’idée est intéressante. Sara Stridsberg pourrait par exemple nous prouver que le caractère hypnotisant de la psychose de Valerie Solanas avait complètement échappé aux annales de l’histoire. Elle pourrait aussi la laisser mystérieuse, à “trou”, un peu mystique et inabordable… Une femme vraiment fatale, en fait. Mais non. Dans un débit de texte qui semble ne jamais finir, Stridsberg est méticuleuse. De manière compacte, elle replace les évènements dans leur gangue historique, et sans fin elle fait répéter les mêmes convictions à un personnage qui se livre tellement qu’il n’y a plus de mystère. Juste beaucoup d’ennui. Car sans ellipse et sans queue, mais surtout sans tête, le délire sans désirs de la psychotique auteure de “Up your ass” est juste repoussant… sauf peut-être pour deux personnages du livre : sa psy et l’auteure. Dommage qu’un des romans les plus ambitieux de cette rentrée littéraire, et dont l’écriture est la plus originale, tombe finalement lourd comme plâtre…
Sara Stridsberg, “La faculté des rêves”, Stock, Trad. Jean-Baptiste Coursaud, 411 p.
En Bonus, un extrait du film d’Andy Warhol avec Valerie Solanas à l’écran : I A Man
“LA NARRATRICE : Je peux te tenir la main?
VALERIE : Non
LA NARRATRICE : Je peux m’asseoir à côté de toi quand tu dors?
VALERIE : Souviens-toi que je suis malade et que je vais mourir. Souviens-toi que je suis la seule femme ici qui ne soit pas folle.
LA NARRATRICE :I love you.
VALERIE :Fuck you” p. 83
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