
Raymond Nart, Soubiran. Un escroc au renseignement sous Napoléon
Ancien directeur adjoint de la DST, ex-responsable du contre-espionnage et de la lutte antiterroriste, Raymond Nart publie une belle biographie sur Paul Emile Soubiran, récemment parue aux éditions du Nouveau Monde.
UN INCONNU DE L’HISTOIRE
Aventurier, provocateur, escroc, espion, séducteur, Paul Emile Soubiran fut l’un des plus étonnants inconnus de l’histoire. Il incarna le parfait aventurier de son époque. Cette époque ou plutôt ces époques (Révolution, Empire, Restauration) donnèrent naissance à des troupes innombrables de traitres, de mouchards et d’espions de toutes sortes, dont Soubiran fut une illustration vivante.
IL ESCROQUE JAMES MADISON, LE PRESIDENT AMERICAIN DE ÉPOQUE !
Il déserta la Garde nationale en 1793 et vécut aux crochets de ses trois femmes successives. Il parcourut toute l’Europe pour les différents régimes qui se succédèrent en France. Il se rendit par exemple en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Hollande, où il put faire valoir ses nombreux « talents »…
Il fut l’agent de Fouché et de Savary. C’était un beau parleur. Il usurpa titres et uniformes. Tour à tour, il fut capitaine de Grenadiers, puis émissaire de l’Empereur pour une mission secrète. Lors de la Restauration, il collabora sans problème avec le nouveau régime. Il travailla aussi avec le renseignement militaire. Mais son goût immodéré pour l’intrigue le fit exclure de l’armée. Il partit alors outre-Atlantique, où il escroqua James Madison, le président des États-Unis d’Amérique de l’époque !
LA VIE D’UN ESPION PAR UN ESPION
Avec brio, l’ouvrage de Raymond Nart fait revivre le climat de l’époque. Cet ouvrage est assorti de réflexions sur la condition d’espion, que l’auteur connait bien. Pour lui, contrairement à ce qu’on lit ou voit dans les films, la contrainte physique ou psychologique n’est pas le meilleur moyen de recruter des espions.
Raymond Nart, “Soubiran. Un escroc au renseignement sous Napoléon”, Éditions du Nouveau Monde, mai 2013, 175 p., 19,90 euros.