
« Le contrat sexuel » : le patriarcat à l’aune des théories du contrat
Les éditions La Découverte publient une nouvelle édition du Contrat sexuel de Carole Pateman. Si cet ouvrage est relativement peu connu en France, il fait figure de référence aux États-Unis et mérite à ce titre que l’on s’y attarde.
Publié pour la première fois aux États-Unis en 1988, Le Contrat sexuel fit date : il s’agit d’une analyse rigoureuse des théories du contrat telles qu’élaborées par Rousseau, Hobbes ou Locke. L’idée est moins de revenir sur leur apport à la philosophie politique que d’observer comment elles peuvent rendre compte du contrat qui lie de fait une femme à son époux.
S’appuyant sur les différents théoriciens du contrat, mais aussi sur leurs détracteurs, mettant elle-même au jour leurs présupposés, Carole Pateman nous livre ici un panorama critique de ces théories. Elle commence ainsi longuement par un examen précis des théories du contrat social et du contrat de travail avant d’en venir au « contrat sexuel » qui régit les rapports hommes/femmes.
Notons toutefois que, depuis 1988, date de la première publication du livre, la famille et le mariage ont changé, et l’on peut déplorer que cette nouvelle édition n’en rende pas compte dans son appareil critique. La préface de Geneviève Fraisse et la postface de Didier Fassin, pour intéressantes quelles soient, ne font aucune allusion à ces évolutions. Il n’en reste pas moins une importante analyse des rapports de domination entre hommes et femmes.
Le contrat sexuel, Carole Pateman, Paris, La Découverte Poche, 2022, Collection « Sciences humaines et sociales », traduit par Charlotte Nordman, préface de Geneviève Fraisse, postface de Didier Fassin, 384 pages, 16 euros.
Visuel : couverture du livre