“Histoire populaire de la psychanalyse” aux éditions La Fabrique
Les éditions La Fabrique publient aujourd’hui Histoire populaire de la psychanalyse, de Florent Gabarron-Garcia. Maître de conférences à Paris 8, psychanalyste et psychologue, il fut également praticien à la clinique de La Borde, dont il sera question dans ce livre.
Une généalogie de la psychanalyse
C’est à une généalogie d’une autre psychanalyse que nous convie ici Florent Gabarron-Garcia. Une autre psychanalyse qui remonte à Freud lui-même et qui entreprend de montrer que reconnaitre les gains de la psychanalyse n’implique pas ipso facto de l’extraire de ses conditions d’émergence et de la percevoir comme une science valable pour toutes et tous, de la même façon, en tout point de l’univers.
Pour rendre compte des évolutions de la discipline et nous garder de toute lecture hâtive, l’essayiste nous propose un trajet chronologique, où chaque chapitre est dévolu à un psychanalyste ou un groupe de psychanalystes, en allant de Freud à Heidelberg et en passant bien sûr par Reich et Marie Langer. Il s’agit alors de réhabiliter ces figures fortement dénigrées des histoires officielles.
Une entreprise de réhabilitation
Surprise : la première réhabilitation concerne le père de la psychanalyse, Freud. Il s’agit alors de mettre en valeur la première partie de la vie professionnelle du médecin viennois et de rappeler que, dans ses premières années, loin de militer pour une psychanalyse apolitique, Freud œuvrait au contraire à une psychanalyse accessible à toutes et à tous. Son essai Malaise dans la culture, souvent présenté comme fondateur, marquerait certes un tournant dans son approche de sa discipline, mais ne saurait résumer l’intégralité de ses pensées. Florent Gabarron-Garcia entreprend alors de contextualiser cette inflexion et, ainsi, la prise de pouvoir progressive des disciples les réactionnaires du Maître sur la psychanalyse officielle. C’est donc du côté du psychiatre et psychanalyste gallois Ernest Jones que se trouverait la trahison à l’égard des préoccupations de Freud.
Dans cette perspective, on l’aura compris, Wilhelm Reich ou la clinique de La Borde font l’objet d’une importante réhabilitation, tandis que Marie Langer, psychanalyste féministe, sort de l’oubli. De même que ces figures refusaient d’analyser un patient sans tenir compte de ses conditions d’existence, Florent Gabarron-Garcia propose à chaque fois, consciencieusement, une contextualisation historique et politique de ces praticiens.
Pour autant, cette Histoire populaire de la psychanalyse laisse un goût d’inachevé : en se concentrant sur quelques figures et expériences, Florent Gabarron-Garcia ne nous permet pas de connaitre quelle fut et quelle est encore leur influence sur l’ensemble du corps psychanalytique.
Visuel : La Fabrique – couverture du livre