
« Ce qui reste de nos vies » : Zeruya Shalev toujours plus mélancolique
Zeruya Shalev, l’auteure israélienne de Vie amoureuse et Mari et femme propose avec Ce qui reste de nos vies une coupe à vif dans une famille assez morte; Flash-back nostalgique et ère du vide sont au rendez-vous de ce roman à la fois terrifiant et majestueux. En librairies le 4 septembre.
[rating=3]
Hemda Horowitz est à la fin d’une longue vie qui a démarré au Kibboutz. Alors que ses deux enfants se relaient à son chevet, la tendresse et la chaleur ne sont plus là, ni avec le fils prodigue, ni avec la fille sérieuse, attentionnée mais jamais assez sûre d’elle. Tous les rendez-vous manqués se repensent sans se dire au chevet de la mourante.
A la fois ample et lancinant, Ce qui reste de nos vie est un constat d’échec parfaitement littéraire. Juste, profond et amené par petites touches mélancoliques, ce long récit d’une famille où l’on ne communique plus est à la fois magnifique et désolant. Il semble s’étendre à tout le texte, ce spleen que Zeruya Shalev amenait déjà dans ses récits plus anciens, où il était surtout question – en surface – de désir et de couple. L’auteure maintient une parfaite maîtrise de la structure, tout le long, et parvient, encore une fois, à livrer un roman parfaitement intime et à le situer dans son pays, un pays où l’on attend, probablement à tort, que chaque décision personnelle ait aussi une implication politique.
Zeruya Shalev, Ce qui reste de nos vies, trad. Laurence Sendrowicz, Gallimard, collection “Du monde entier”, 432 p., sortie le 4 septembre 2014.
visuel : couverture du livre