Surréalisme et roman feuilleton pour David B.
Paris, 1931 : André Breton engage le détective Nick Carter pour retrouver ce qu’on lui a volé, mais qu’il ne sait pas nommer. Pendant trente ans, Carter va mener son enquête, tout en esquivant les attaques des génies du crime comme le Docteur Quartz.
David B. dessine en cinquante planches un portrait surréaliste de ce courant et de son théoricien André Breton. Chaque planche est composée de la même façon : une grande illustration noir et blanc avec un titre tenant de l’écriture automatique, et quelques lignes racontant les aventures de l’enquêteur. Le héros américain des romans feuilletons à succès s’immisce dans la vie réelle de celui qui l’a admiré dans sa jeunesse. Fiction et réalité se mêlent, comme un de ces rêves d’enfants où l’on court aux côtés de notre héros.
Ce portrait partiel d’André Breton se lit comme un puzzle à assembler, entre femmes, voyages et exclusions en pagaille. Dans chaque tableau le dessin est dense et les références pullulent pour qui sait les voir. C’est peut-être là le bémol de cette enquête au long cours : si l’on veut profiter de tous les détails de l’album, il faudrait être incollable sur le surréalisme. Mais c’est aussi le talent de David B. : de son trait proche de la gravure, il donne envie à la fois de suivre les aventures de Nick Carter et d’aller creuser le mouvement surréaliste, plus loin que Dalí, ce complice du Docteur Quartz.
Nick Carter et André Breton est un album qui semble être construit selon les principes à la fois du surréalisme et du roman feuilleton : une écriture rapide et improvisée, une fenêtre ouverte sur le rêve et l’inconscient et la rencontre de mondes en apparence incompatibles. Mais ne nous y trompons pas : le hasard ne doit rien à cet album à la simplicité foisonnante.
Nick Carter et André Breton, une enquête surréaliste, de David B.
Edition Noctambule
Visuel : couverture, © Editions Soleil / David B.