Avec “Grand Menteur”, Laurent Gaudé nous livre un bel hymne au pouvoir de la langue
Les éditions Actes Sud publient le nouveau livre de Laurent Gaudé, Grand Menteur. Trois monologues. Un hymne à trois voix au pouvoir de la langue.
Ce petit triptyque de Laurent Gaudé nous livre les monologues de trois personnages, Grand Menteur, Gare centrale et Fille Fiston. Au seuil de la mort, le premier nous entraîne dans un flot de souvenirs dont on aura du mal à démêler le vrai du faux. Une chose est sûre : ce menteur “généreux”, pour reprendre les termes de Gaudé, nous propose un voyage dans le temps empli d’expériences toutes plus incroyables. Quant à Gare centrale et Fille Fiston, leurs monologues apparaissent comme d’importantes introspections qui tentent de définir des identités changeantes, qui sans cesse nous échappent. Aussi le mensonge est-il avant tout celui de l’affabulateur, qui enjolive une réalité terne pour la plus grande joie de ses auditeurs.
Le plaisir du mensonge apparaît en effet comme celui de la langue et du langage. Le plaisir de l’invention et de l’imagination, on l’aura compris, mais aussi celui d’une langue métissée, faite d’un français pluriel, puisant çà et là dans le québécois, le belge ou le haïtien. Le plaisir également d’une langue rythmée avec précision, en petits syntagmes qui nous guident dans les méandres d’une seule et longue phrase.
Laurent Gaudé, Grand Menteur. Trois monologues, Actes Sud – Papier / Au Singulier
96 pages. 11 euros
Visuel : Actes Sud-Papiers © Ricardo Mosner