Fictions
“Au vent mauvais” : un roman qui a du souffle

“Au vent mauvais” : un roman qui a du souffle

19 August 2022 | PAR Marianne Fougere

L’auteure des Petits de décembre, Kaouther Adimi, revient avec une saga familiale qui interroge la responsabilité des individus comme celle de l’écrivain.

 

Leïla, Tarek, Saïd : trois personnages pour autant de destins croisés et une seule fresque de l’Algérie. Pourtant, ce que l’on retient de la lecture du nouveau roman de Kaouther Adimi, ce n’est pas le siècle traversé, de la colonisation à la lutte pour l’indépendance, en passant par le coup d’État de Houari Boumédiène et le basculement dans la guerre civile. Bien sûr, l’on s’attache à la communauté de ce village de l’est de l’Algérie. Bien sûr, l’on s’émeut des évènements qui frappent les membres de cette famille. Bien sûr, l’on compatit avec le héros qui, revenu chez lui après la guerre, peine à se débarrasser de cette fichue poussière apportée par le vent mauvais.

Mais, ces émotions que seule la littérature peut nous procurer ne sauraient amoindrir la responsabilité non pas de ceux qui agissent dans les soubresauts de l’histoire mais de ceux qui racontent ses bégaiements, ses égarements. Car, après tout, qu’est-ce qu’être écrivain ? “Couper, monter, imaginer des souvenirs ? Prendre les albums photos et fouiller dedans ? Créer une histoire à partir de petits bouts ? Changer les dates, mélanger des événements ? Créer à partir de rien ?”

Ainsi, avec ce roman, Kaouther Adimi livre un manifeste. Presque une mise en garde contre ceux qui espéreraient instrumentaliser la littérature pour s’élever et mieux écraser ces “fantômes du réel” auprès desquels ils puisent pourtant leur inspiration. Elle montre qu’il est possible de manier la vie des “petites gens” avec la même délicatesse que l’on pèse ses mots. Que l’imagination peut rester puissante à condition d’être conscients plus que jamais que “si la littérature peut sauver, elle peut aussi être un vent mauvais”.

 

Kaouther Adimi, Au vent mauvais, Paris, Seuil, sortie le 19 août 2022, 272 p., 19 euros.

Visuel : couverture du livre

“Patte blanche” : huis-clos sombre et bourgeois
“Le colonel ne dort pas”, il ne quittera plus nos nuits
Marianne Fougere

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration