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“Self-made” : l’excellente mini-série de Netflix sur la millionaire african-american Madame C.J. Walker

“Self-made” : l’excellente mini-série de Netflix sur la millionaire african-american Madame C.J. Walker

11 April 2020 | PAR Yaël Hirsch

L’adaptation de la biographie On Her Own Ground de A’Lelia Bundles (2001) sur sa grand-mère, Madam C.J. Walker(1867-1919), née deux ans après la fin de l’esclavage et devenue première femme millionaire des Etats-Unis est une petite réussite. En quatre épisodes à la BO punchy et servie par la charismatique Octavia Spencer, cette mini-série fait revisiter le “rêve américain” par une allée peu connue.

Elle apparaît gantée et sur un ring de boxe, prête à en découdre avec la concurrence et le monde, Sarah Breedlove devenue Madame C.J. Walker par mariage. Née dans les champs de coton, en 1908 elle arrive épuisée à la quarantaine après une vie de travail comme lavandière et une fille née quand elle avait 16 ans (Tiffany Haddis) : elle a ainsi perdu tous ses cheveux. Au bord de du désespoir, elle rencontre Addie (Carmen Ejogo) une femme belle, à la peau beaucoup plus blanche qu’elle et à la crinière de lionne, qui l’écoute et lui redonne confiance en la traitant avec sa crème magique pour les cheveux. Et ça marche… Tant et si bien que Sarah veut s’associer avec sa bienfaitrice pour transformer un bon produit en mine d’or… Sauf que Addie se raidit, la trouve trop noire, trop laide et lui demande de faire son linge pour la payer de son produit et l’humilie. Sarah met alors au point sa propre crème miracle et lance les produits Madam C.J. Walker depuis sa cuisine. Elle sait vendre, elle a un rêve, un mari (Blair Underwood) qui accepte de la suivre jusqu’à Indianapolis pour ouvrir un premier salon dans l’appartement de son père à lui (Garrett Morris) et rien ne l’arrêtera : ni sa condition de femme, ni celle d’african-american et surtout pas la concurrence de Addie… Elle est en route pour devenir la première “self made” millionaire femme des Etats-Unis…

Avec l’extraordinaire Octavia Spencer évidemment brillante dans un premier rôle à sa mesure, un éclairage sur la condition des african-americans, 50 ans après la fin de l’esclavage, et quatre épisodes superbement efficaces, où un destin vraiment extraordinaire s’accomplit, Self-made parvient à caser entre sa BO redoutable et ses costumes parfaits une série de personnages tout à fait touchants et aboutis. Une fresque inspirante, écrite et filmée par une équipe de femmes (Nicole Asher et Kasi Lemmons), qui n’hésite pas à inclure des motifs un peu fantastiques et qui nous emporte dans le projet dévorant d’une pionnière.

Sel-made, avec Octavia Spencer,Tiffany Haddish, Carmen Ejogo, 4 x 45 à 49 minutes, depuis le 20/03/2020 sur Netflix.
visuel : affiche

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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