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Attention à l’humour so british de la série “Mum”

Attention à l’humour so british de la série “Mum”

24 January 2021 | PAR Ilan Lévy

Suivre des séries est devenu un sport national tant l’offre est exponentielle sur les plateformes mondialisées …et payantes. Pourtant la meilleure série du moment est anglaise, minimaliste et diffusée gratuitement sur arte.tv.

La banalité du quotidien

Dans une simple maison anglaise comme il en existe des milliers sur le même modèle, dans un quartier banal, « Mum » est l’histoire d’une famille bancale de la petite classe moyenne anglaise. Les décors sont minimalistes, les acteurs peu connus et pourtant extraordinaires. Cathy, mère de famille à l’aube de la soixantaine (magnifique Lesley Manville) enterre son mari. L’enterrement, dans le premier épisode, est l’occasion de découvrir tous les personnages, aussi cocasses, farfelus, les uns que les autres. L’humour british est dans Mum à son apogée, mêlant l’absurde au snobisme. Chaque réplique est digne des meilleures comédies anglaises. Les personnages secondaires sont autant attachants que géniaux et grotesques.

Des seconds rôles détestables et grotesques

Mention spéciale à Kelly (Lisa Mc Grillis), la petite amie du fils unique de Cathy, grand gaillard maladroit et peu pressé de quitter le cocon familial. Alors qu’elle rencontre pour la première fois Cathy quelques minutes avant l’enterrement, Kelly, caricature de la blonde écervelée, arrive dans un robe rouge ultra moulante « car c’est sa plus longue » et réclame « une culotte » à Cathy « car elle n’en porte jamais ». Maladroite dans les mots comme dans toutes les situations, son personnage confondant de naïveté est mémorable. Le décalage entre la bêtise, la naïveté, la cocasserie des personnages et le classicisme de leur vie est l’une des clefs de la série.
Le frère de Cathy, Derek, est un looser permanent qui rate à peu près tout ce qu’il entreprend, et même ce qu’il n’entreprend pas, est tyrannisé par sa nouvelle compagne, la diabolique Pauline, jouée par la génialissime Dorothée Atkinson. Snob au dernier degré, Pauline n’est jamais avare du compliment qui tue et de la remarque qui tranche au couteau. Regrettant à chaque phrase son ancien et richissime mari, elle fait payer à Derek sa condition dégradée de caissière au supermarché. Elle revoit régulièrement Geof qui lui a préféré sa jeune et jolie secrétaire au grand dam de Derek « même s’il n’y a aucun sexe, Geof est très claire là-dessus ».
S’ajoutent les beaux-parents de Cathy dont le spectateur pourrait penser qu’ils ont inventé le concept d’indélicatesse et de muflerie et qui envahissent à l’instar des autres personnages le quotidien sans relief de Cathy.

Un amour en attente

L’autre clef de cette série humoristique est le calme et la patience infinie de Cathy qui accepte sans un mot de trop l’indélicatesse de sa belle-fille, le laisser-aller de son fils, les caprices de star de sa belle sœur et l’invasion permanente de son univers par cette galerie de ratés magnifiques. Il est rare que dans une série, le rôle des personnages secondaires soit aussi bien écrit et détestable que dans Mum.
Le seul à s’en sortir est Michaël, le très discret ami de la famille, toujours présent, tout en réconfort et sollicitude, et secrètement amoureux de Cathy depuis 40 ans. Il attend patiemment son tour derrière les autres personnages qui monopolisent l’attention de la belle sexagénaire.
Série à l’écriture fine, ciselée au biberon de l’humour anglais, interprétée par des acteurs en liberté, stéréotypes de l’indécence, Mum prête à rire autour d’idées simples, magnifiquement mises en lumière.

“Mum”, de Stefan Golaszewski, 3 saisons de 6 épisodes de 30 minutes chacun, diffusée sur arte.tv.

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Ilan Lévy

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