Neds, le nouveau film coup de poing de Peter Mullan
Presque 10 ans après le remarquable et remarqué The Magdalene Sisters, Peter Mullan signe son grand retour derrière la caméra. Pour sa troisième réalisation, l’acteur découvert chez Ken Loach pose son regard sur le Glasgow des années 70 qu’il a côtoyé dans sa jeunesse, celui de la délinquance juvénile et des gangs ultra-violents. Entre une mise en scène de la brutalité puissamment évocatrice et un portrait de famille plus intimiste et en partie autobiographique, le résultat s’avère très convaincant sans atteindre la force de son essai précédent. Sortie le 31 août.
Synopsis : “Si vous voulez un NED, vous allez avoir un putain de NED !” Glasgow, 1973. Le jeune John McGill est sur le point d’entrer au collège. Garçon brillant, la voie est cependant loin d’être toute tracée pour lui, entre un père violent et les préjugés de ses professeurs qui n’ont pas oublié son frère aîné “irrécupérable”, Benny, devenu membre des NEDS. Les NEDS (Non Educational Delinquents), dangereuses petites frappes, font régner la terreur dans les quartiers. La réputation de Benny vaut à John d’être protégé et lui ouvre très vite les portes du gang.
Une joyeuse remise de diplôme suivie d’un mariage. Une lumière douce et chaude baigne l’écran. Les toutes premières scènes du film se veulent rassurantes. La suite s’avère moins rose. Très vite, on sent le danger planer sur le jeune héros avec l’irruption menaçante du personnage de Canta, symbole du passage de l’innocence aux doutes, de l’enfance à l’adolescence. Promis à un grand avenir mais ayant le “malheur” d’être issu d’un milieu ouvrier, John va progressivement basculer dans la délinquance et une violence exponentielle qui semble inéluctable, moins pour échapper aux railleries que pour obtenir le respect qu’on n’a jamais voulu lui accorder.
Jamais Peter Mullan ne juge ni ne condamne. Bien au contraire, il porte un regard tendre sur ses personnages, et comme le cinéma britannique sait si bien le faire, distille à bon escient quelques touches d’humour (sur le système éducatif écossais notamment) pour éviter de plomber un récit déjà lourd de propos. S’il nous épargne un discours sociologique lénifiant, le réalisateur décrit néanmoins avec une certaine justesse le poids du carcan social mais aussi familial dont on hérite et dont il est souvent difficile de se dépêtrer.
Porté par l’interprétation ultra-réaliste du jeune Conor McCarron, le film livre également quelques moments poignants dans l’intimité de la cellule familiale, explorant le drame qui se noue entre l’adolescent et son père (Peter Mullan himself). Un seul reproche peut-être, la spectacularisation excessive de certaines scènes de combats violents, ponctuées d’extraits musicaux pas forcément très à propos. Ce bémol ne vient cependant pas ternir un film remarquable à bien des égards.
Neds, de Peter Mullan, avec Conor McCarron, Peter Mullan
Grande-Bretagne, 1h58, Drame
Sortie le 31 août 2011