Homeland: une seconde saison réussie
Après sa consécration aux Emmy Awards et aux Golden Globes, et forte de son audience grandissante, Homeland avait beaucoup à perdre avec sa saison 2. Quand on a séduit tout le monde, on peut en décevoir beaucoup, l’art périlleux de la série ne saurait se suffire d’un coup d’éclat, il faut aussi (et surtout) savoir tenir la distance. Les enjeux étaient donc aussi grands pour le créateur Howard Gordon, que sa chute – au vu de la qualité décroissante de sa série phare 24heures Chrono – était attendue.
Faisons taire les mauvaises langues tout de suite. La saison 2 de Homeland n’est pas seulement aussi réussie que la première, elle est meilleure. Le scénario n’est pas plus complexe pourtant. On pourrait en résumer ainsi les grandes lignes : après avoir subi des éléctrochocs et changé de carrière, Carrie est rappelée par la CIA pour résoudre une crise au Liban ; Brody quant à lui poursuit son ascension politique, mais la découverte de la vidéo qu’il a enregistrée avant sa tentative avortée d’attentat vient tout changer.
Les ingrédients qui nous avaient séduits : tension psychologique, paranoïa contagieuse, suspense entretenu jusqu’à la dernière minute sont toujours là, mais associés avec encore plus de précision. Thriller psychologico-politique par excellence, la saison 2 se saisit de ce doute constant qui est son ressort principal et le propage partout. Il touche désormais autant la maniaco-dépressive Carrie que Brody, agent double au bord de la crise de nerf, ou encore ce Peter Quinn, nouveau et énigmatique personnage. Il s’immisce dans l’étrange relation qui unit les deux héros et oscille constamment entre manipulation et sincérité. Il vient enfin redoubler, au niveau des individus, l’angoisse de la société américaine face à cette violence terroriste qui peut surgir n’importe où et n’importe quand. Les scènes d’action et de violence sont plus nombreuses sans que le trait ne soit forcé. Toujours surprenantes, elles viennent rarement conclure un épisode en usant de cette ficelle facile et lassante qui consiste à relancer l’attente au bout de 50 minutes de lenteur inutiles à l’avancée de l’enquête. Pour autant, le quotidien familial n’est pas oublié, ces nouveaux épisodes venant approfondir le thème essentiel du retour chez soi et du traumatisme de la guerre.
Sans doute faudrait-il nuancer ce tableau dithyrambique en notant que la performance de Claire Danes commence quelque peu à lasser, mais il n’est pas sûr que ce jugement ne soit pas entaché par la drolissime parodie de Anne Hathaway au Saturday Night Live.
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