Étrange Festival 2022 : Life for sale, film au sujet fort qui se perd
En Compétition pour le Grand Prix Nouveau genre, ce film taïwanais met parfaitement en place son sujet et son personnage, avant de trop relâcher son rythme. Il laisse donc insatisfait.
Le personnage central de Life for sale, incarné par Fu Meng-po, n’a pas le moral. Ce film de Tom Teng va le suivre alors qu’il prend une décision saugrenue : courtier en assurances, il décide de mettre en vente sa vie sur Internet. Son but est notamment de voir sa vraie valeur. Il va croiser le chemin de deux personnes curieuses, gravitant dans le milieu criminel. Tout en approfondissant ses rapports avec sa voisine, qui n’est pas dans un meilleur état moral que lui ?
Est-ce parce que le film prend pour fondement un roman de Yukio Mishima qu’il décide, tout à coup en cours de route, “d’avoir l’air intelligent à n’importe quel prix” et qu’il ralentit son rythme pour se faire davantage hiératique ? Ce choix le dessert en tout cas. Au début, il réussit pourtant très bien à imposer son atmosphère de comédie noire, pas forcément frénétique mais réaliste et humaine, donc vraiment intrigante et intéressante. Il s’attache, en scènes plutôt courtes et techniques, au basculement de son protagoniste central dans son idée, et à l’aménagement de son existence dans ce but.
Ensuite survient une phase qui gâche tout : suite aux rencontres avec les acheteurs potentiels, notre héros se met à hésiter sur à qui vouer son existence. Il hésite longtemps. Traîne, et amène tout le rythme à s’affaisser. Dès lors, le bizarre ne paraît plus guère humain, mais juste illustratif ou décoratif. Le film se met à ennuyer. A la fin survient le réveil, et les prises de décision. La direction redevient davantage claire. Mais c’est un peu tard : le rythme de la phase précédente a anesthésié l’esprit et l’attention. Et dans cette trame de fin, le réalisateur ne peut pas s’empêcher, encore une fois et très étrangement, de trop faire durer les choses…
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Visuel : affiche taïwanaise de Life for sale