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Entrevues 2022 : de précieux regards de cinéastes mis à l’honneur

Entrevues 2022 : de précieux regards de cinéastes mis à l’honneur

22 November 2022 | PAR Geoffrey Nabavian

Outre sa Compétition, le Festival invite cette année deux figures précieuses du cinéma français actuel, Rabah Ameur-Zaïmeche et Emmanuelle Cuau. Les Entrevues continuent jusqu’au 27 novembre à Belfort.

Jusqu’au 27 novembre, le Festival de cinéma mettant en lumière les premiers, deuxièmes et troisièmes films se déroule à Belfort. Outre sa Compétition de longs-métrages internationaux, qui concourent notamment pour le Grand Prix Janine Bazin, et sa Compétition de courts et moyens-métrages, sa Fabbrica met comme chaque année l’œuvre de cinéastes à l’honneur. Le choix de 2022 rend particulièrement heureux : l’un des deux invités n’est autre que l’immense Rabah Ameur-Zaïmeche.

Fabbrica 2022 : deux regards de cinéastes d’importance

Au sein du cinéma français d’auteur, Rabah Ameur-Zaïmeche impose sa flamme ardente, via ses films qui empoignent le réel et la société en les rendant habités par un magnifique feu. Cette invitation à présenter tout son travail, en plus de rencontres avec ses collaborateurs artistiques et de cartes blanches, tombe parfaitement en cette année. Il a en effet fait son entrée dans la cour des réalisateurs français il y a vingt ans de cela, en 2002, via son long-métrage Wesh Wesh (Qu’est-ce qui se passe ?). Il présentera au Festival en avant-première son nouveau film, Le Gang des bois du temple.

Son style de réalisation apparaît si juste et maîtrisé, en même temps que personnel et humble, qu’on peut en venir à aimer par-dessus tout, dans sa filmographie, ses films « historiques ». Les Chants de Mandrin, qui se passe au XVIIIe siècle, et Histoire de Judas, qui évoque le Christ et ses apôtres, sont deux chefs-d’œuvre. En tant que réalisateur de films, il témoigne, selon les mots de Mathieu Macheret, d’une « capacité de divagation ». « Malgré les logiques perverses et les engrenages fatals, [elle] fait dévier de l’intérieur le cours du temps, pour ne retenir de lui que les fleurs de l’instant, une suspension miraculeuse, un présent encore non déterminé » : c’est ainsi que le journaliste et membre du Comité de sélection du Festival finit son texte sur Ameur-Zaïmeche (à lire en entier ici) au sein du programme de l’édition 2022 des Entrevues.

La cinéaste Emmanuelle Cuau est également conviée cette année à montrer son œuvre, au sein du même cadre. Elle a à son actif, entre autres, trois longs-métrages, tous très remarqués : Circuit Carole, Très bien, merci et Pris de court. “Ses personnages, hommes et femmes ordinaires, sont de ceux qui dévient, prennent la tangente, se laissent attirer dans des engrenages, se retrouvent propulsés dans l’envers du monde social, glissent et sentent quelque chose glisser en eux”, écrit Mathieu Macheret, soulignant au passage le motif de “la dissociation” très à l’œuvre dans les films qu’elle signe. Elle questionne ainsi beaucoup, au passage, la question du travail, les changements parfois imperceptibles qui s’opèrent en elle, et les modifications qu’elle amène chez celles et ceux qui s’activent.

Contre-culture générale, Désobéissances

La section Cinéma & Histoire, elle, a pour intitulé en 2022 Amérique 80 : contre-culture générale. L’enjeu est ici de mettre en lumière des regards de cinéastes s’étant attachés à capturer en profondeur l’envers du décor des années Reagan. Au centre de cet ensemble, on croise la figure de Lizzie Borden. La programmatrice Laurence Reymond salue ses films, au sein du programme de l’édition 2022 des Entrevues, avançant qu’ils ont émergé durant “une décennie qui a assisté au triomphe d’une société de la réussite hégémonique, représentée par un cinéma américain tout aussi hégémonique [,] laissant une place mineure à un cinéma indépendant fragilisé, à l’instar de toute une vaste partie de la population [américaine]”.

L’objet de la section La Transversale est cette année les films qui disent non. Non à des événements politiques, des questions sociales, ou à un ordre établi. Avec parfois à la clé des censures. On recommandera notamment, en son sein, la vision du remarquable Maso et Miso vont en bateau, qui annonçait entre autres avec beaucoup d’avance certaines vidéos postées sur Internet. Un travail signé par le quatuor Roussopoulos/Seyrig/Wieder/Ringart.

Toutes ces sections rétrospectives mises à part, les Entrevues voient notamment cette année être projeté, dans le cadre de leur Compétition, le nouveau film de Wissam Charaf, le particulièrement réussi Dirty, Difficult, Dangerous (notre critique ici). Le réalisateur, signataire auparavant d’un premier long-métrage de fiction, Tombé du ciel, y atteint un équilibre assez exceptionnel dans le ton qu’il installe. Un long-métrage à revoir le 24 novembre à 20h15. À ses côtés, notamment, on peut croiser aussi le nouveau long d’Alireza Motamedi, qui signa précédemment Reza, sorti en 2019 dans les salles de cinéma françaises. Sa nouvelle réalisation, Won’t you cry ?, est à revoir le 23 novembre à 20h45. À côté de ces films terminés, la sélection [Films en cours] met en lumière cinq films en fin de montage image. L’un d’eux remportera une aide complète à la post-production.

Les Entrevues se poursuivent à Belfort jusqu’au 27 novembre : Informations et réservations 

Visuel 1 : Rabah Ameur-Zaïmeche, acteur dans son film Dernier maquis © Sophie Dulac Distribution

Visuel 2 : Très bien, merci d’Emmanuelle Cuau © Gémini Films

Visuel Une : affiche des Entrevues, édition 2022 © Barbee pour Entrevues Belfort

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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