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“Kingsglaive”, une introduction cinématographique alléchante à Final Fantasy XV

“Kingsglaive”, une introduction cinématographique alléchante à Final Fantasy XV

25 November 2016 | PAR Magali Sautreuil

Le tant attendu « Final Fantasy XV » est annoncé pour le 29 novembre prochain sur PS4 et Xbox One. Afin de nous faire patienter, le 30 septembre dernier, Sony avait sorti « Kingsglaive », un film d’animation 3D léché pour introduire l’univers de « FFXV ». Malgré quelques faiblesses, ce prélude du jeu réussit à nous enthousiasmer pour ce nouvel opus de la saga « Final Fantasy ».

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Couverture du DVD

Synopsis :

Comme souvent, l’histoire paraît de prime abord assez simple. La prospérité du monde est assurée par un cristal. Mais la puissance de ce dernier suscite de la convoitise chez les hommes et bientôt la guerre éclate. Deux royaumes sont en prise : Le Lucis, royaume pacifique aux puissants pouvoirs magiques et Niflheim, Empire militaire à la technologie inégalée, qui tire sa puissance de ses soldats magitech.

Dans la mythologie nordique, Niflheim est le monde glacial des morts. « Lux, lucis », en latin, signifie la lumière. Ainsi s’engage un combat opposant la vie à la mort, la lumière aux ténèbres.

Mais dans « Final Fantasy », la séparation entre le bien et le mal n’est jamais nette. Il n’y a pas d’un côté les vilains et de l’autre les gentils. Les choses sont toujours plus complexes et plus ambiguës qu’il n’y paraît. Peut-être est-ce pour cette raison que les Lucis et leurs alliés sont vêtus de noir, tandis que l’Empire de Niflheim est habillé en blanc.

Les noirs s’opposent aux blancs comme dans une partie d’échec. La puissance n’a aucune importance. Pour gagner, il faut être le plus stratège.

Pour assurer sa victoire sur ses ennemis, Niflheim cherche à s’emparer d’Insomnia, la capitale et dernier bastion du Lucis, ainsi que du cristal qu’elle renferme. Mais la ville est protégée par un mur. Érigé et maintenu par le roi Régis, il consomme petit à petit la vie de ce dernier. Grand, fort et digne, mais aussi vulnérable et tourmenté, tel est le roi Régis. Il est conscient qu’aucun mur n’est infranchissable et que le Royaume du Lucis est vieillissant.

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Le cristal qui protège Insomnia

Malgré cela, il tente par tous les moyens de sauver le Lucis. Suite à l’attentat de Tenebrae à l’encontre de la famille royale, ce dernier crée une unité d’élite : les Kingsglaive. Cette unité tire sa force de son roi. Leurs armes sont une véritable extension de leur corps. Ces soldats n’ont plus rien à perdre. Ils se battent pour les terres et pour les proches que l’Empire leur a pris.

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Unité des Kingsglaive

Malgré leur courage, ils restent cependant des immigrés venus d’au-delà du « mur » pour les habitants d’Insomnia. Ils vivent dans les bas-fonds de la capitale.

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Insomnia, quartier des immigrés

Ainsi, comme à Midgar (« Final Fantasy VII »), la ville est divisée en deux, les bas-fonds étant réservés aux pauvres et aux étrangers. Le fait d’être ainsi traité fait naître du ressentiment chez certains « glaives ». Ils ont l’impression de n’être que de la chaire à canon, des « rats » qui retourneront dans leurs égouts sitôt la guerre terminée.

Alors qui de Niflheim et des Kingsglaive provoquera la chute du Lucis et d’Insomnia ? La bravoure d’un glaive entièrement dévoué à son roi, Nyx Ulric, et la détermination de la princesse de Tenebrae, Lunafreya Nox Fleuret, suffiront-ils à sauver le Royaume ?

Un monde étrangement familier :

Le conflit qui oppose l’Empire de Niflheim au Royaume du Lucis nous semble étrangement familier. Bien que l’action se déroule dans un monde fantastique, il présente quelques similitudes avec le nôtre. L’idée est que chaque joueur puisse se reconnaître dans cet univers, quelque soit son origine. « Kingsglaive » fourmille donc de références culturelles.

Le film a parfois quelques accents bibliques : scènes de batailles apocalyptiques, avènement des démons, signature du traité sur un autel, avec d’un côté les blancs, de l’autre, les noirs, comme au jour du Jugement dernier.

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Les représentants de l’Empire de Niflheim et du Royaume du Lucis sur le point de signer l’armistice
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Bataille finale apocalyptique

« Kingsglaive » nous propose une parfaite synthèse entre le passé, le présent et le futur.

Les clins d’œil au passé renvoient essentiellement à la période médiévale. Les soldats de Niflheim sont par exemple vêtus à la manière des croisés. L’architecture reprend les principes des églises et cathédrales gothiques avec leurs fenêtres trilobées, ainsi que ceux des citadelles médiévales fortifiées. Quelques éléments architecturaux évoquent également le Colisée de la Rome antique. Quelques allusions sont aussi faites aux deux Guerres mondiales (paysages lunaires…).

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Soldats de Niflheim
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Croisés
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Palais des Lucis à Insomnia
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Soldat de l’armée du Royaume du Lucis
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Soldat américain durant la Seconde Guerre mondiale

Éléments anciens et modernes se juxtaposent dans une parfaite harmonie. Insomnia en constitue le parfait exemple. Ville au riche héritage passé, elle est également à la pointe de la technologie avec ses écrans de publicité géants, qui ne sont pas sans rappeler ceux qui se trouvent dans le centre-ville de Tokyo. Si vous êtes fins observateurs, vous reconnaitrez quelques marques comme « Uniqlo », « Japan Airlines » ou « Audi ». Notons au passage que « l’Audi R8 », surnommée « Star of Lucis », omniprésente dans le film et dans le jeu, est le fruit d’un partenariat entre la marque allemande et « Square Enix ». Elle a même bénéficié d’une vente aux enchères le 21 novembre dernier.

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Mégalopoles, pubs, voitures, écrans, téléphones portables, oreillettes Bluetooth, montres connectées… ancrent donc l’univers du film dans notre monde moderne.

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Insomnia

Mais certains de ses aspects préfigurent peut-être notre futur, notamment dans le domaine de la robotique, avec les soldats magitech de Niflheim. L’emploi de robots à des fins militaires, associé au fantasme des robots-tueurs, se retrouve dans de nombreux films et livres de science-fiction. D’ailleurs, certains moments rappellent le film « Terminator » de James Cameron, avec Lunafreya Nox Fleuret dans le rôle de Sarah Connor, Nyx Ulric dans celui de Kyle Reese et Titus Drautos dans celui du Terminator.

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Mais ce n’est pas la seule référence à la pop culture.

Un Empire malfaisant, un Royaume vieillissant, un affrontement entre les Ténèbres et la Lumière, un chancelier affable et calculateur, une armée de cyborgs… Que dire, si ce n’est que cette ressemblance avec l’univers de « Star Wars » ne peut être une simple coïncidence !

Comment ne pas également faire le lien entre l’anneau de pouvoir des Lucis et celui de Sauron dans « Le Seigneur des anneaux » ? Le porteur de l’anneau communique avec les anciens rois du Lucis, les protecteurs du futur du monde. Mais les Lucis n’accordent leur pouvoir qu’à ceux qu’ils en jugent dignes, les autres étant immolés par le feu.

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Ravus Nox Fleuret immolé par le feu

À l’instar de l’anneau de pouvoir du « Seigneur des anneaux », le porteur est projeté dans une autre dimension. De même, la forêt qui sert d’écrin à l’ancienne cité de Tenebrae présente aussi de nombreuses similitudes avec la cité elfique de Caras Galadhon, construite à l’intérieur de la forêt de Lothlorien.

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Tenebrae
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Caras Galadhon

Le look, l’attitude nonchalante et le phrasé du chancelier de Niflheim, Ardyn Izunia, n’est pas non plus sans rappeler le personnage de Dryden Fassa dans « Vision d’Escaflowne ». Ils sont tous deux étrangement vêtus, insondables et très cultivés.

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Ardyn Izunia, chancelier de Niflheim
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Dryden Fassa, dans “Vision d’Escaflowne”

D’autres références sont davantage propres l’univers vidéoludique, comme la salle d’arcade désaffectée.

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Salle d’arcade désaffectée

De même, lorsque les Kingsglaive s’élancent de la citadelle pour combattre Niflheim, on ne peut s’empêcher de penser au saut de l’ange de Desmond Miles dans « Assassin’s creed ».

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“Glaive” s’élançant d’une citadelle
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Le saut de l’ange dans “Assassin’s Creed”

Quant à Drautos, on ne peut nier une filiation évidente avec le Nemesis de « Resident Evil », l’ennemi qui revient inlassablement à la charge.

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Drautos

Le film s’inscrit également dans la tradition des « Final Fantasy ». De nombreuses allusions sont faites à l’univers de la saga phare de Square-Enix, notamment à « Final Fantasy VII ». Insomnia est vraisemblablement inspirée de Midgar, la posture héroïque de Nyx Ulric de Clad et le groupe de résistants de celui d’Avalanche.

On retrouve également le bestiaire de la série : behemoth, cerbères, xylomids cartoonesques, chocobos… sont au rendez-vous.

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Behemoth
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Xylomid
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Camion “Chocobo”

L’univers de « Final Fantasy XV » transparaît également à travers le film. Certains protagonistes du jeu sont introduits comme Lunafreya Nox Fleuret, « l’esclave du sort et du destin », l’oracle qui doit voir la destinée du prince Noctis s’accomplir, une main de fer dans un gant de velours.

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Lunafreya Nox Fleuret

On retrouve également certains thèmes musicaux du jeu comme Gratia Mundi ou la chanson de Luna.

Un chef-d’œuvre de l’animation 3D…

Véritable claque visuelle, le film révèle la maîtrise absolue en matière d’animation 3D de Square Enix. Le degré de réalisme obtenu est tel que l’on a l’impression d’avoir de vrais acteurs en face de soi. Cela s’explique en partie par l’utilisation de la motion capture, notamment au niveau facial. Il s’agit d’un procédé utilisé pour enregistrer les positions et les mouvements des objets ou des êtres vivants afin de pouvoir les contrôler virtuellement à l’aide d’un ordinateur.

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Nyx Ulric / Johan Picard
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Lunafreya Nox Fleuret / Sonya Maltceva
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Cadavre de Crowe Altius

Toutefois, à certains moments, on observe une légère rigidité au niveau de l’expression des visages.

Mais quelques faiblesses tout de même :

On regrettera parfois un traitement trop superficiel de l’histoire, à croire que l’esthétisme a été privilégié au détriment de cette dernière. Certes, il ne s’agit que d’une introduction cinématographique au jeu « Final Fantasy XV ». Cependant, on aurait aimé que le passé de certains « glaives » soit davantage exploré, notamment celui de Nyx Ulric, l’archétype même du héros qui se bat seul contre tout un Empire. On aurait aimé également en apprendre davantage sur le charismatique roi Régis, qui apparaît toujours dans des situations conflictuelles.

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Le roi Régis

Conclusion :

Le film demeure toutefois une excellente mise en bouche pour les futurs acquéreurs du jeu. Il intéressera également les amateurs de films en images de synthèse. Au vue des nombreuses références culturelles, même si vous ne connaissez pas l’univers des « Final Fantasy », vous ne serez pas dépaysés.

Caractéristiques techniques :

Titre : « Kingsglaive : Final Fantasy XV »

Genre : Film d’animation 3D / Fantasy / Science-fiction

Réalisateur : Takeshi Nozue

Scénariste : Takashi Hasegawa

Producteurs : Square Enix et Sony Pictures Entertainment

Distributeur français : Sony Pictures Releasing France

Compositeurs : John R. Graham et Yoko Shinomura

Durée : 1h50

Sortie française en DVD et Blu-Ray : le 30 septembre 2016

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Magali Sautreuil
Formée à l'École du Louvre, j'éprouve un amour sans bornes pour le patrimoine culturel. Curieuse de nature et véritable "touche-à-tout", je suis une passionnée qui aimerait embrasser toutes les sphères de la connaissance et toutes les facettes de la Culture. Malgré mon hyperactivité, je n'aurais jamais assez d'une vie pour tout connaître, mais je souhaite néanmoins partager mes découvertes avec vous !

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