Cinema
Compétition : “La voie de l’ennemi” de Rachid Bouchareb

Compétition : “La voie de l’ennemi” de Rachid Bouchareb

07 February 2014 | PAR Yaël Hirsch

Le réalisateur de Indigènes, London River et Hors la loi se met au Western avec un beau casting et de belles images du désert pour un film inabouti qui devrait repartir bredouille de la compétition à Berlin malgré un fort capital sympathie.

 

 

[rating=2]

Accompagné par Yasmina Khadra à l’écriture, Rachid Bouchareb a donc quitté la danse du ventre pour se pencher sur le Nouveau Mexique, où, dans le contexte tendu du mur érigé contre l’immigration du Mexique par les US, un homme (Forrest Whitaker) tente de revenir au rêve de l’américain moyen, après 18 ans de prison pour avoir assassiné l’adjoint du chérif. Ce dernier (Harvey Keitel, caricatural) ne l’entend pas de cette oreille et va tenter de le faire replonger tandis-que l’officier qui suit sa liberté conditionnelle (Brenda Blethyn) tente de l’aider à la dure dans cette tâche.

Alors que tout commence pour le mieux, par des jeux de focales très esthétiques dans le désert et une présentation des personnages à conter-courant qui laisse augurer d’un contre-western très réussi, “ce remake de Deux hommes dans la ville, retombe dans la banalité d’un scénario très peu plausible et dans le cliché du “noir et blanc” que Bouchareb voulait écarter en faisant écouter du Barbara à une Brenda Blethyn (qu’on avait adorée avec Bouchareb dans London River) en train d’astiquer son arme dans le Far-West ou avec Harvey Keitel témognant un peu de sympatrie aux immigrés clandestins. Forrest Whitaker a l’oeil bas de la victime et ne peut sortir de ce rôle, malgré les belles illuminations de foi que lui confèrent les scènes de prière, et quand la boucle se ferme avec des derniers plans tragiquement attendus, l’on est presque soulagés que la somme de clichés se termine. Dommage, comme souvent chez Bouchareb, il y a avait un souffle et comme cela lui arrive parfois, il s’est épuisé très tôt dans la narration.

La voie vers l’ennemi, de Rachid Bouchareb, avec Forest Whitaker, Harvey Keitel, Brenda Blethyn, Luis Guzmán, Dolores Heredia, France / Algerie / USA / Belgique, 2013, 120 min. En compétition.

visuel : photo officielle du film © Gregory Smith/ Thessalit Pathé
Retrouvez toutes nos critiques sur “Berlinale im Dialog

Les projets pharaoniques des JO de Sotchi
Les cousins Karlsson vikings et vampires de Katarina Mazetti
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration