Cinema
[Cannes, Hors compétition] Un « Petit Prince » ambitieux, plein d’intelligence et de magie

[Cannes, Hors compétition] Un « Petit Prince » ambitieux, plein d’intelligence et de magie

26 May 2015 | PAR Geoffrey Nabavian

A Cannes, on a beaucoup aimé cette transposition très fine du célèbre conte, où ce ne sont pas tant les images de synthèse que les thèmes abordés et l’intelligence du scénario qui nous ont frappés. En salles dès le 29 juillet.

[rating=4]

Le célébrissime conte d’Antoine de Saint-Exupéry transposé en images de synthèse. Voilà donc le projet de Mark Osborne. On peut le féliciter, d’abord, d’avoir donné une belle texture aux dessins du livre, animés en stop-motion. Le papier semble là, sur l’écran, lorsque le conte est dit. Et les images de synthèse, alors ? Elles constituent l’autre partie du film, la plus grande. Elles donnent à voir une gamine, découvrant ce conte. Une petite fille obsédée par le travail scolaire, qui se fait un ami de son voisin, un vieil aviateur excentrique, par ailleurs auteur de ce récit, jamais publié. Une gamine qui va bientôt s’en aller à la recherche du Petit Prince, disparu, sur une planète en images 3D, où tous les adultes font grise mine…

On pourrait redouter le pire de cette transposition. Après sa vision, on peut affirmer qu’on a tort de s’en faire. Car les images de synthèse, si elles ne sont pas renversantes, ont beaucoup de charme, et évitent la naïveté. Car les personnages nous semblent proches : ils se posent des questions graves, à la limite de l’abstrait. Et parce que la fidélité est là. On croise des protagonistes de l’histoire de Saint-Exupéry, dans des rôles réadaptés, de façon intelligente. Certes, la structure du scénario n’est pas très nouvelle. Mais la thématique du film tranche : elle n’appelle pas tant au rêve qu’à une appréciation juste de la réalité. Et à un chemin de vie cohérent.

Le film, ambitieux, dure une bonne heure quarante-cinq, passe d’un ton à l’autre, et tient en haleine tout du long. A part lors de quelques moments trop déjà-vus, il sait nous surprendre. Plutôt qu’un produit rétro, naïf et moralisant, il constitue une adaptation aux canons d’aujourd’hui, qui a su conserver la substance de l’œuvre. Et témoigne de la même intelligence. Tous les publics y trouveront leur compte. Et on peut se réjouir que cette bonne vieille histoire si racontée ait donné un film qui regarde vers l’avant. A la technique si poussée. Sur les classiques, n’ayons pas pas peur de l’ambition.

Le Petit Prince, un film d’animation réalisé par Mark Osborne. Avec les voix de : André Dussollier / Jeff Bridges (L’aviateur) ; Marion Cotillard (La rose) ; Laurent Lafitte / Ricky Gervais (Le vaniteux) ; Vincent Lindon / Albert Brooks (Le businessman) ; Guillaume Gallienne / Benicio del Toro (Le serpent) ; Vincent Cassel / James Franco (Le renard) ; Florence Foresti / Rachel McAdams (La mère de la petite fille). Durée : 1h45. En salles le 29 juillet.

Retrouvez tous les films du Festival dans notre dossier Cannes
Visuels : © Paramount Pictures France //
© 2015 LPPTV / Little Princess / ON Entertainment / Orange Studio / M6 Films

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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