
Cannes 2022, Compétition : Park Chan-wook se réinvente avec Decision to Leave
Six ans après l’électrochoc Mademoiselle, le réalisateur sud-coréen revient en compétition cette année à Cannes avec un film surprenant, assez éloigné de ses standards cinématographiques.
Un flic mystérieux et transi amoureux. Une femme manipulatrice sauvée à la suite d’un accident. Après plusieurs semaines d’enquête et d’interrogatoires, le policier commence à ressentir un sentiment amoureux pour la jeune femme. Son travail et sa vie personnelle en seront forcément impactés.
Sur ce pitch simple ressemblant vaguement à un film noir des années 1950, Park Chan-wook réinvente pourtant une fois de plus l’art cinématographique. Exit les histoires d’amour ultraviolentes, les combats sans fin et les vampires assoiffés de sang. Pour ce nouveau film, le réalisateur transcende ses habitudes cinématographiques. On a l’impression d’assister à une vague tentative de création expérimentale, à travers un montage rapide et une narration tronquée, où toutes les histoires se mélangent dans les temps et dans les espaces. Il est souvent impossible de déterminer ce qui se passe parfois à l’écran, tant le rythme est effréné.
La force tranquille d’un Mademoiselle et de son caractère historique et épique est donc abandonnée, ce qui montre la propension de son auteur à ne pas s’abonner qu’à un style, à l’image de son compère Bong Joon-ho, cinéaste de l’extrême mélangeant les genres et les époques, parfois même dans un seul et long métrage. Pourtant, avec Decision to Leave, Park Chan-wook déçoit grandement à travers une tentative trop vaine d’expérimenter et de raconter mille choses à la fois, perdant le spectateur et l’abandonnant forcément à de nombreux moments d’absence.
On notera toutefois une créativité folle au niveau des valeurs de plan et des différents dispositifs : caméras embarquées, plans très larges comme très rapprochés, ou encore plans subjectifs qui nous mettent directement dans la peau du personnage. Quoi qu’il en coûte, si Decision to Leave nous déçoit, il montre néanmoins qu’au fil des années, Park Chan-wook reste un réalisateur toujours aussi inventif, prêt à perdurer encore de longues années.
Visuel : photo du film