![[Cannes 2021, Un certain regard] After Yang, drame de science-fiction intelligent et ample](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2021/07/after-yang-cannes-2021-un-certain-regard-toute-la-culture-1024x529.jpg)
[Cannes 2021, Un certain regard] After Yang, drame de science-fiction intelligent et ample
Réalisé par Kogonada, cinéaste venu des films expérimentaux, After Yang est une fiction SF très esthétique, mais aussi très humaine.
Une société futuriste, très semblable au XXIe siècle, quelques avancées technologiques mises à part. Une famille habitant ce monde se trouve soudain bouleversée par la perte d’un être. Sauf que ce fils aîné était en fait un robot, qui a cessé de fonctionner.
Produit par A24, After Yang envisage principalement d’être un film dramatique, abordant en arrière-plan des thèmes profonds tels que l’adoption et le déracinement. Il y parvient sans mal tant ses choix esthétiques restent discrets, tout en se révélant marquants. Sa réalisation se met en fait au diapason de l’interprétation de ses formidables acteurs, à savoir Colin Farrell, fantastique et totalement habité dans un rôle de père de famille en plein doute et très fatigué, Jodie Turner-Smith, impériale face à lui, ou la toute jeune Malea Emma Tjandrawidjaja, si émouvante et juste lorsqu’elle réclame son “frère”.
Ces interprètes s’illustrent dans des scènes guère précipitées – certaines constituant des souvenirs de leur passé leur revenant – s’autorisant parfois de longs échanges dialogués, mis en scène et écrits avec beaucoup d’humanité, et ne tombant donc pas dans la philosophie facile. La longue évocation du thé en tant que concept par Colin Farrell, face à Justin H. Min, remarquable interprète du robot Yang, transporte, par exemple. Au sein de ces séquences, la photographie n’esthétise pas tout, et le rythme laisse du temps au spectateur pour insérer sa sensibilité à lui dans cet univers.
La mise en scène reste donc ambitieuse, et quelques effets un peu poseurs se glissent ici et là. Mais l’humanité prédomine tant, au sein de l’écriture, que tous les personnages paraissent avoir leur partition à jouer, dans cette histoire. On a l’impression d’être convié à découvrir en fin de compte un vrai univers, auquel le réalisateur a abondamment réfléchi pour y tracer une cohérence. Et de par leur durée, pas précipitée, les scènes finissent par atteindre quelque chose d’introspectif. Rare et précieux résultat, en un tel projet.
After Yang est présenté dans le cadre du Festival de Cannes 2021, au sein d’Un certain regard.
Retrouvez tous les films du Festival dans notre dossier Cannes 2021
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Visuel : © A24