Cannes 2022, Compétition : Showing up, beau film à la mise en scène toute douce et sensible
Avec cette nouvelle réalisation, Kelly Reichardt met en place un scénario classique mais fait la différence de par son point de vue, visant avant tout à être ultra sensible.
Pas encore extrêmement reconnue comme sculptrice, très besogneuse, Lizzie essaye de se concentrer pour préparer sa prochaine exposition. Plutôt difficile, étant donné que sa voisine, qui est aussi sa logeuse et aussi artiste, n’entretient que trop peu l’endroit où habite sa locataire, et que de surcroît elle lui confie un pigeon blessé qu’elle a ramassé. Comme par-dessus tout ça certaines des petites sculptures de Lizzie sortent du four brûlées d’un côté et qu’elle se fait du souci pour son père et son frère, tout semble dérailler…
La situation plantée dans ce nouveau film par Kelly Reichardt, réalisatrice à présent très fêtée, n’est pas vraiment inédite. C’est sa réalisation qui vient faire la différence : elle paraît vouloir surtout s’attacher aux silhouettes de ses protagonistes. Ce faisant, elle travaille ses plans en fonction d’elles : on a l’impression qu’elle cherche à donner à voir de quelle façon ces corps s’inscrivent dans le cadre où ils vivent et évoluent. Elle aussi sculpte ses images, non pas pour en tirer du beau à tout prix – à ce titre, la photo grisette de Christopher Blauvelt apparaît très appropriée – mais pour donner à ressentir toute la substance de leur(s) sujet(s).
Totalement habitée, ralentie par des forces pesantes, Michelle Williams s’avère remarquable. On s’attache surtout à ses pas à elle, quelque peu traînants, et à sa manière chancelante de se tenir, de se maintenir en fait. Son jeu physique raconte beaucoup, et apparaît à l’image du film : il dit les choses avec simplicité mais aussi profondeur.
Showing Up sortira dans les salles de cinéma françaises distribué par Diaphana Distribution.
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Visuel : © Allyson Riggs / A24