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[Cannes 2021, Compétition] Les Intranquilles, un drame vibrant et fin où Damien Bonnard éblouit
Nouveau film réalisé par Joachim Lafosse, ce portrait de famille avec père bipolaire a du souffle, de la finesse au sein de son scénario, et un Damien Bonnard éblouissant dans son rôle central.
Vivant de leurs passions respectives, au vert, et souvent visités par leurs amis, Damien, Leïla et Amine affichent l’image de la famille aimante parfaite. Quand Damien ne peint pas ses séries de tableaux, plutôt bien côtées, il cuisine sans cesse, répare motos et vélos dans le jardin pour des promenades, nage et fait du bateau avec son fils ou fait rigoler les amis de ce dernier. Mais en réalité, ces phases euphoriques sont très longues et font qu’il lui arrive de ne pas dormir, plusieurs nuits de suite. Damien est bipolaire, et il refuse de prendre son lithium pour se soigner, arguant que “tout va”.
On le sait, Joachim Lafosse sait signer des drames, avec de l’intensité et de la profondeur, lorsqu’il se confronte à des sujets durs et peu abordés en restant bien concentré sur ses personnages, en ne s’éparpillant pas. Ici, on constate qu’il n’a pas perdu la main en la matière. Son scénario gagne en force de surcroît, par le fait qu’il donne d’abord à voir une longue suite de scènes solaires – où tous s’inquiètent néanmoins, autour de Damien – avant de mettre au centre la question de l’absence de nuits de sommeil et du lithium à prendre. En conséquence, les séquences n’apparaissent pas attendues, la maladie est véritablement donnée à ressentir, et le piège de l’alternance répétitive entre scènes heureuses et tragique est évité. Lorsque Leïla se trouve face à son mari et doit réussir à faire qu’il prenne son médicament, la séquence n’en a que plus de force dramatique : l’horreur du problème est tout à coup donnée à voir frontalement, et en résulte un bel effet de contraste. Une impression qui monte en puissance le lendemain, lors de la très longue scène de panique intervenant alors que Damien prend le volant, scène dont la durée s’oppose aux séquences courtes et solaires du début. Scène qui laisse bouleversé.
Un tel rôle devait être servi par un acteur d’exception : Damien Bonnard se montre à ce titre immense, totalement habité. Il traverse toute la palette d’émotions qu’un tel personnage nécessite, sans rien forcer. Face à lui, Leïla Bekhti émeut souvent, et l’on est heureux de retrouver Patrick Descamps, si naturel, dans un rôle de père âgé lui aussi dépassé par son fils malade. Faisant naître une émotion absolument pas forcée, le film dégage au final une belle humanité, et de la finesse, qui se manifeste notamment dans les scènes de bonheur du début, lorsqu’un détail soudain vient inquiéter et troubler le climat joyeux qui se déploie à l’écran.
Les Intranquilles est présenté au Festival de Cannes 2021, en Compétition pour la Palme d’or. Il sortira dans les salles de cinéma françaises le 6 octobre, distribué par Les Films du Losange.
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Visuel : © Les Films du Losange