
Cannes 2019, Un certain regard : “La Fameuse Invasion des ours en Sicile”, splendide film d’animation italien
Cette adaptation de Dino Buzzati, dirigée par l’auteur de bandes dessinées Lorenzo Mattotti, transporte littéralement du fait de son animation techniquement sublime, et de son doublage.
Au commencement de ce long-métrage d’animation, un saltimbanque itinérant et sa jeune assistante se réfugient dans une caverne pour échapper à la neige. Ils y rencontrent, dans l’ombre, un ours, auquel ils sont forcés de compter pour le calmer une histoire : celle de la gigantesque tribu d’ours qui descendit un jour des montagnes siciliennes pour venir habiter le pays des hommes. Le trait des dessins de cette ouverture de film apparaît d’ores et déjà splendide, comme issu des paysages rocailleux qu’il peint.
Puis le conte commence, et ce style graphique se fluidifie, et devient plus coloré. On y suit des ours menés par le roi Léonce, sans volonté depuis que son fils Tonio a été capturé par des chasseurs et reste introuvable. Un chef qui va pourtant se faire convaincre de mener ses sujets – affamés en réalité – en contrebas des montagnes, là où les hommes habitent. Lui pourra y retrouver, peut-être, la piste de Tonio, tandis que les autres ours obtiendront de quoi manger…
Long-métrage animé visuellement éblouissant, ce film balade les yeux de morceau de bravoure en scène d’anthologie. Là où veulent se rendre les ursidés très nombreux, un tyran règne : une bataille a donc lieu sur les sommets neigeux, mise en scène de manière épique. En difficulté, le dirigeant envoie le magicien qui est à son service perdre la troupe d’ours : l’occasion d’une visite dans un château rempli de fantômes subtilement dessinés… Déjà auteur d’un segment crayonné remarquable narré par Arthur h, au sein du film Peur(s) du noir, l’auteur de bandes dessinées Lorenzo Mattotti supervise ici un festival de couleurs bien choisies et de textures fluides, composant un univers attachant et splendide.
Il faut préciser également que ce dessin animé italien vaut grandement aussi par son doublage. Les interprètes chevronnés impriment une teinte très authentique aux péripéties. Et leur énergie reste extrêmement communicative. On garde en mémoire le roi Léonce, doublé par Toni Servillo (acteur fétiche de Paolo Sorrentino), mais aussi le magicien à l’aspect longiligne au service du méchant tyran, et finalement sympathisant vis-à-vis des ours : sa voix italienne ajoute de la fantaisie à son graphisme déjà imaginatif. Un film qui constitue au final une aventure passionnante, à voir à tous âges.
Geoffrey Nabavian
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Visuels : © 2019 Prima Linea Productions – Pathé Films – France 3 Cinéma – Indigo Film