![[Berlinale, compétition] « El boton de nacar », beau documentaire sur l’histoire de l’eau et du Chili](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2015/02/boon-2-542x305.jpg)
[Berlinale, compétition] « El boton de nacar », beau documentaire sur l’histoire de l’eau et du Chili
Dans le Knight of Cups de Terrence Malick, Christian Bale répétait qu’il était à la recherche d’une perle dans l’Océan. Les programmateurs du Festival, très logiquement, nous offrent à la suite du Malick un documentaire sur les fonds de l’Océan, où se trouvent perles, boutons de nacre et cadavres oubliés. Un documentaire en compétition ?
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Comme dans le Malick, une voix off incessante, mais qui ici s’interroge avec précision. On part de l’histoire de l’eau avec, là aussi, des galaxies, des comètes et cette réalité étrange : tout est eau. L’eau est partout, mais qu’y trouve-t-on ? Avons-nous affaire à un documentaire scientifique ? De fil en aiguille, le narrateur-réalisateur se confie à nous, nous parle d’un ami d’enfance mort en mer : c’était mon premier disparu, dit-il. Car il y en aura d’autres, en quantité. Patricio Guzman retrace d’abord l’oppression dont a été victime le peuple patagonien. Puis, il revient sur la période sombre de la dictature, avec les camps de concentration basés en Patagonie, les déportations, les tortures et les cadavres jetés dans l’eau. L’eau a une mémoire, une voix, une surface miroitante ou rouge sang. L’eau et les rêves, comme chez Bachelard, ou plutôt l’eau et les cauchemars.
Comme Malick, Patricio Guzman s’interroge sur la souffrance humaine. Mais, demandant à une vieille Patagonienne de traduire dans son dialecte quelques mots (mer, eau, fenêtre, homme), Guzman se voit répondre : « Dieu ? Ah non, ça on n’a pas. ». Fallait-il le dire à Christian Bale ?
El boton de nacar, de Patrice Guzman, Chili, 82 minutes. Berlinale 2015, en compétition.
(c) Hughes namur