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Pete Davidson en loser irrécupérable dans The King of Staten Island

Pete Davidson en loser irrécupérable dans The King of Staten Island

27 July 2020 | PAR Alice Martinot-Lagarde

Pour son dernier film, The King of Staten Island, en salles depuis mercredi 22 juillet, Judd Apatow met un peu de mélo dans sa comédie et touche en plein coeur avec l’histoire de Scott, éternel adolescent tourmenté par le décès de son père. 

Judd Apatow est un habitué des comédies générationnelles où grands questionnements sur la vie côtoient un humour trivial justement dosé. Il s’éloigne ici légèrement de son terrain de jeu ordinaire pour aborder la question du deuil en mettant en scène le personnage de Scott, adulescent effronté et fainéant qui ne s’est jamais vraiment remis du décès de son père. Pompier, celui-ci a succombé dans une intervention lorsque son fils avait sept ans, ce qui vaut à Scott une haine invétérée pour la profession, jugeant irresponsable de se mettre en danger lorsqu’on a une famille. Lorsqu’il apprend que sa mère, Margie (Marisa Tomei, épatante), a un nouveau compagnon qui est lui aussi pompier, il est persuadé que l’histoire va se répéter et fait tout pour le discréditer. La relation la plus importante et intéressante du film est donc celle qu’il entretient avec sa mère. Sorte de Tanguy nouvelle génération, borné, impulsif, il est le loser habituellement agaçant par son oisiveté et son impertinence, qui veut avant tout protéger sa mère d’une nouvelle perte qui l’anéantirait. 

Mais la nouvelle l’oblige à se retrouver face à ses responsabilités. Souvent comparé à sa petite soeur Claire, jeune fille sociable et bonne élève qui part étudier à l’université, Scott a du mal à trouver sa place et pose un regard cynique sur le monde qui l’entoure. Son seul projet est d’ouvrir un restaurant couplé d’un salon de tatouage, mais il ne semble pas vraiment doué pour le dessin. Il s’entraine sur ses copains, entre deux bouffées de marijuana, mais sauter le pas est peu envisageable. Entre peur de l’échec et résignation à ne pas rentrer dans une case, Scott arbore l’étiquette du loser irrécupérable et incarne finalement une génération marquée par les standards. Au son de Kid Cudi, Scott et sa bande nous embarquent à Staten Island, de là où on voit Manhattan et ses paillettes de loin, et nous montrent que ce n’est pas si mal de prendre la vie avec légèreté. 

Sans en faire pour autant le portrait, c’est bien la vie de l’humoriste et acteur qui incarne Scott que le film évoque. Connu pour ses passages au Saturday Night Live depuis 2014 et ses apparitions dans les magazines people, Pete Davidson participe à l’écriture du film et y met sa touche personnelle. Comme le personnage principal, il est originaire de Staten Island et perd son père pompier lorsqu’il est encore enfant, il devra suivre une longue thérapie pour s’en sortir. Il montre ainsi comment l’humour peut aussi avoir ses zones d’ombre et construit un personnage charismatique et attendrissant qui comprend peu à peu comment vivre avec cette blessure. 

 

 

Visuel : © Affiche officielle The King of Staten Island 

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Alice Martinot-Lagarde

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