“Le Milieu de l’horizon”, une balade dans l’âpreté de l’été 76 aux côtés de Laetitia Casta et Clémence Poésy
Le Milieu de l’horizon, de Delphine Lehericey, sort en salles demain (voir notre interview ici). Un film qui nous conduit dans la fameuse sécheresse de l’année 1976, année de tous les possibles.
Des problématiques diverses
Le bleu clair du ciel et le blé jaune soleil nous entraînent dès les premières images dans l’été 1976 et sa fameuse sécheresse. Les cous moites, les grands espaces désertés par des hommes et des bêtes en quête d’ombre ouvrent le film. Nous suivons Gus, un jeune garçon dont le père, paysan, craint pour son élevage de poulets : la chaleur empêche les bêtes de s’engraisser, et il ne parvient pas à les vendre. Aussi les premières séquences semblent-elles nous promettre un film sur les difficultés des agriculteurs des années 1970.
Mais l’une des qualités du film est précisément sa richesse et sa diversité : sans jamais abandonner l’argument agricole, sans jamais perdre le spectateur, Gus et la caméra nous conduisent sur des chemins de traverse, ceux qu’emprunte Nicole, la mère du jeune homme. Au creux d’un arbre, il surprend celle-ci embrassant une jeune femme vive et gracile, pleine d’une liberté un peu inquiétante, en tout cas fort différente de cette atmosphère pesante, rythmée par les bénédicités et les venues des banquiers.
Un film sensible
D’alma mater, Nicole devient alors la mère qui s’échappe. Le choix de Laetitia Casta, pour incarner ce personnage aimant et terrien est on ne peut plus juste : le sourire tantôt joyeux, tantôt grave de la comédienne, ses cheveux sombres et son visage plein rendent compte de l’ambigüité de cette mère aimante, mais happée par un amour inattendu. Sa maîtresse est incarnée par Clémence Poésy : la sveltesse et la blondeur de l’actrice s’oppose au physique de Casta pour représenter cette femme de passage, éprise de liberté.
Une autre des réussites des films est alors de parvenir à nous rendre proches ces deux femmes alors même que tout est perçu par les yeux de Gus, qui ne pardonne ni à l’une ni à l’autre cette “trahison”. Le tour de force réside ici dans le fait que ce regard intérieur ne condamne nullement le film au manichéisme.
La façon dont les paysages sont filmés témoigne également d’une grande sensibilité : la clarté du ciel et des champs, mis en valeur par le choix du 35 millimètres, ouvre vers une liberté sans cesse repoussée et s’oppose à la clôture du poulailler. Les plans rapprochés sur les visages, notamment celui, moite de Laetitia Casta, nous plonge dans le regard et les pensées en mouvement des différents personnages.
Visuel : image du film