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[Interview] Emilie Dequenne : “Lorsqu’on vous confie un personnage, vous devenez responsable de son existence”

[Interview] Emilie Dequenne : “Lorsqu’on vous confie un personnage, vous devenez responsable de son existence”

13 October 2015 | PAR Yaël Hirsch

A l’affiche de Par Accident, le premier film de Camille Fontaine, qui sort ce mercredi 14 octobre 2015, la comédienne Emilie Dequenne y incarne la flamboyante, vibrante et néanmoins fragile Angélique. Autour de ce personnage fort et volontaire qui flirte avec la folie, elle s’est prêtée au jeu des questions de Toute La Culture.

Pour lire notre chronique du film, c’est ici. 

Que ce soit sur le mode de la fofolle joyeuse ( Pas son genre de Lucas Belvaux), du plus terrible qu’on puisse imaginer (A perdre la raison de Joachim Lafosse) ou même sur les planches (Mademoiselle Julie) vous donne-t-on souvent des rôles de femme flirtant avec la folie ?
Sûr que Mademoiselle Julie est très limite, et le personnage de Muriel dans  A perdre la raison n’en parlons pas! Pour celui de Jennifer dans Pas son Genre, je ne suis pas d’accord. Elle n’a rien de « fofolle »! Elle est joyeuse, certes, mais très équilibrée. Ce qui est sûr, c’est qu’il est rare de trouver des personnages équilibrés avec une telle dimension. Les personnages « limites » voire complètement atteints sont intéressants dans la mesure ou l’on peut jouer de ses névroses, et s’y laisser aller… Avec contrôle évidemment! J’aime cela car ils permettent les sensations fortes, et lorsqu’on joue c’est jubilatoire. Avec Angélique, c’était encore différent car son mystère demandait une certaine retenue… Une retenue… exubérante dirais-je!

2.Vous incarnez aussi souvent des femmes libres ou en combat pour leur libération. En ce sens, les spectateurs et les spectatrices voient-ils en vous un modèle ?
C’est à eux de me dire… Moi personnellement je ne crois pas! En revanche, lorsque je décide d’interpréter ce genre de personnages, c’est mon côté spectatrice qui me pousse à y aller. Je m’identifie, et admire, alors je veux incarner! Tout comme moi, le spectateur lorsqu’il est marqué par un personnage auquel il s’identifie peut le prendre en modèle. Le personnage oui, mais pas l’acteur!

3.Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans le rôle de Angélique?
Ce que j’ai préféré est ce qui m’effrayait le plus! Son mystère, son extravagance, son côté délurée… Je suis tout sauf ça! Mais j’aime le challenge et le risque, donc je me suis lancée! Non sans crainte, mais Camille Fontaine a su veiller à ce qu’Angélique ne soit jamais dans la caricature.

4.Comment faites-vous pour rester toujours aussi juste et mesurée alors que pourtant vous devez incarner l’exubérance ?
C’est un peu ce que je vous disais plus haut… C’est à cela aussi que servent les metteurs en scène. Leur regard est très important. Sans lui, il est facile de partir en vrille et de faire n’importe quoi. Après, quand je décide de partir sur un film, et d’incarner un personnage, j’estime qu’il serait criminel de faire les choses à moitié. En cela je veux dire que lorsqu’on vous confie un personnage, vous devenez responsable de son existence,… Du coup, je prends ça très au sérieux! En m’amusant beaucoup, certes, mais je ne pourrais pas accepter un film si mon envie était ternie par le moindre doute. J’aurais tellement peur de me « regarder jouer »! J’ai besoin d’y croire à 100 pour 100, car j’ai besoin de m’investir à fond.

5.Quand vous faites un premier film avec une réalisatrice comme Camille Fontaine, est-ce avec l’espoir de tourner plusieurs films ensemble ?
Le premier espoir est déjà de réussir celui-ci! Pour la suite on verra! L’instant présent est essentiel, et je n’ai jamais travaillé avec un réalisateur en espérant qu’il fasse appel à moi à nouveau. Il y a trop à penser et à faire sur un film pour pouvoir envisager d’autres choses ensuite. C’est d’abord maintenant. Mais il est vrai que lorsqu’un metteur en scène revient vers moi avec un nouveau projet, cela me touche beaucoup. C’est le cas aujourd’hui avec Marc Fitoussi, avec qui j’avais tourné La vie d’Artiste (dont c’était le premier film) que je retrouve aujourd’hui! A l’époque j’y jouais une toute jeune adulte, et me voilà maintenant la maman de l’ado! J’adore!

visuels : photos officielle du film Par Accident (Ad Vitam).

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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