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[Critique] « Floride » Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain dans une chronique délicate et juste du vieillissement

[Critique] « Floride » Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain dans une chronique délicate et juste du vieillissement

13 August 2015 | PAR Gilles Herail

Le nouveau film de Philippe Le Guay est loin d’être la comédie vendue par sa bande-annonce. Le ton est plutôt à la chronique, délicate et juste, du vieillissement d’un homme et de la perte de mémoire. Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain trouvent une véritable complicité qui sert un scénario intelligent, trouvant le bon équilibre entre drame et légèreté. Du cinéma populaire de qualité comme on l’aime. 

[rating=3]

Synopsis officiel : A 80 ans, Claude Lherminier n’a rien perdu de sa prestance. Mais il lui arrive de plus en plus souvent d’avoir des oublis, des accès de confusion. Un état qu’il se refuse obstinément à admettre. Carole, sa fille aînée, mène un combat de tous les instants pour qu’il ne soit pas livré à lui-même. Sur un coup de tête, Claude décide de s’envoler pour la Floride. Qu’y a-t-il derrière ce voyage si soudain ?

Philippe Le Guay fait partie des conteurs populaires très appréciés, à juste titre du public français. Choisissant ses sujets avec minutie, s’intéressant au sociétal, sans jamais tomber dans la démagogie, le cinéaste a rencontré plusieurs fois de larges succès (Les femmes du 6ème étage et Alceste à bicyclette avec Luchini). Son nom reste pourtant relativement peu connu, faisant preuve d’une discrétion à l’image de ses films humbles, solides, sans esbroufe. Floride s’attaque à un sujet difficile, devenu une thématique récurrente depuis quelques années. Le vieillissement, la perte d’autonomie, de mémoire, de repères. Affectant ici une légende du cinéma hexagonal, Jean Rochefort, que l’on a rarement vu dans un premier rôle grand public depuis J’ai toujours rêvé d’être un gangster en 2008.

Philippe Le Guay sait utiliser la sympathie qu’inspire l’acteur pour apporter de la légèreté, désamorcer certaines répliques grivoises qui auraient pu sembler glauques dans la bouche d’un autre. Car le sujet est lourd, ramenant chacun à sa propre angoisse de ne pouvoir vieillir dans la dignité. Floride traite sans l’enjoliver l’avancée de la démence, le flou toujours plus grand entre souvenirs, rêve éveillé, et réalité. Quand la perte de mémoire désoriente, quand les brefs moments de lucidité se raréfient. Philippe Le Guay ose une narration plus ambitieuse que dans ses précédents films, en mélangeant les séquences, dont on ne sait si elles ont été vécues ou fantasmées. Un voyage en Floride, des souvenirs d’enfance, une vie quotidienne qui change de visages et de lieux, par ellipses.

Jean Rochefort n’est pas toujours très à l’aise, en faisant parfois trop dans les séquences comiques présentées lors de la promotion. Mais l’acteur trouve de plus en plus de profondeur tout au long du film, aux côtés d’une Sandrine Kiberlain toujours aussi juste. La force du film vient de cette relation père-fille, pleine de complicité et d’amour vache. Les deux se cherchent, se taquinent, font semblant de ne pas réaliser la gravité de la situation. Mais l’avancée de la maladie les rattrape et Floride saisit avec finesse la dureté de l’inversion des rôles, quand la figure paternelle s’efface, petit à petit. Philippe Le Guay a réussi une nouvelle fois un joli film populaire, qui aime ses acteurs, et propose un beau mélange d’émotions. Du cinéma de qualité, pensé, mesuré, équilibré, qui mérite une belle carrière en salles.

Gilles Hérail

Floride, une comédie dramatique française de Philippe Le Guay avec Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain, durée 1h50, sortie le 12 août 2015 

Visuels : © photos officielles et affiches officielles des films
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Gilles Herail

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