Arts
<em>Vidéo Vintage, 1963-1983</em> : un retour sur images vivifiant

Vidéo Vintage, 1963-1983 : un retour sur images vivifiant

10 February 2012 | PAR Géraldine Bretault

Médium emblématique du vingtième siècle, formidable vecteur d’introduction à l’art contemporain, la vidéo est à l’honneur au Centre Pompidou, à travers une sélection de plus de 70 pièces maîtresses créées par une cinquantaine d’artistes entre 1963 et 1983.

Première surprise en entrant dans l’exposition : loin des habituels cubes obscurs fermés par un rideau noir, la scénographie de l’exposition offre un confort de visite optimal. Christine Van Assche et son équipe se sont en effet inspirés d’une installation vidéo du collectif californien ANT FARM pour reconstituer plusieurs ensembles mobiliers d’époque. Une jolie idée, qui invite les internautes zappeurs que nous sommes devenus à consacrer un peu de notre temps à visionner ces bandes.

Performance et auto-filmage
Difficile d’évoquer la vidéo sans rappeler l’extraordinaire médium qu’elle a représenté pour les artistes de la performance. En effet, la vidéo leur permettait de garder la trace des actions contestataires et extrêmes dans lesquelles certains engageaient jusqu’à leur chair. Grâce à la maniabilité du Portapack de Sony, commercialisé dès 1965 sur le marché américain, la vidéo s’invite rapidement dans la sphère domestique, ce qui lui vaut d’accompagner de nombreuses luttes féministes. Cette section fait la part belle aux femmes artistes, de Marina Abramovic à Valie Export, en passant entre autres par Leticia Parente et Sanja Ivekovic (à qui le Moma à New York consacre actuellement une rétrospective). La véhémence de Martha Rosler lorsqu’elle énumère les ustensiles de sa cuisine (Semiotics of the kitchen, 1975) n’a pas exemple pas perdu de sa force.

La télévision. Recherches, expérimentations, critiques
La télévision, en plein essor dans les années 1960-1970, est naturellement autre champ essentiel de l’histoire de la vidéo. On retrouve notamment Nam June Paik, qui compte parmi les premiers artistes à avoir proposé une analyse critique de ce médium, contribuant ainsi à sa démythification au sein de la société occidentale. Autre figure majeure, Bill Viola, qui referme avec Reverse Television (1983-1984) l’intervalle temporel couvert par l’exposition. Dans cette œuvre, il lui avait suffi de poser sa caméra sur le poste de télévision vers les téléspectateurs, pour les mettre face à leur passivité.

Attitudes, formes, concepts
Certains plasticiens choisirent d’intégrer la vidéo comme un outil parmi d’autres leur permettant d’intervenir dans le champ critique plus large de l’histoire de l’art. Dans cette section, les vidéos sont présentées comme en leur temps, sur des moniteurs cathodiques posés sur des socles, accompagnées de documents qui témoignent de ce contexte d’exposition.

Cette première exposition directement issue de la collection Nouveaux Médias du Centre Pompidou rappelle que, dès son ouverture, cet établissement s’était vu doter d’un département spécialisé sous l’égide de Pontus Hulten, alors directeur du Musée national d’art moderne.

C’est aussi un pan de l’histoire de la mondialisation qui est nous est raconté, la vidéo ayant largement contribué aux échanges culturels et idéologiques entre les artistes de tous les continents.

Une visite passionnante et agréable, que vous pourrez compléter en consultant l’Encyclopédie des Nouveaux Médias : http://www.newmedia-arts.com/

« Ce qui m’intéresse avec la vidéo, c’est son usage comme une sorte de compagnon domestique, c’est le lieu du gros plan. Je peux être face à face avec le spectateur, je peux être un point dans l’espace qui inclut le spectateur. » Vito Acconci

Photos de l’exposition © Géraldine Bretault

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Géraldine Bretault
Diplômée de l'École du Louvre en histoire de l'art et en muséologie, Géraldine Bretault est conférencière, créatrice et traductrice de contenus culturels. Elle a notamment collaboré avec des institutions culturelles (ICOM, INHA), des musées et des revues d'art et de design. Membre de l'Association des traducteurs littéraires de France, elle a obtenu la certification de l'Ecole de Traduction Littéraire en 2020. Géraldine a rejoint l'aventure de Toute La Culture en 2011, dans les rubriques Danse, Expos et Littérature. Elle a par ailleurs séjourné à Milan (2000) et à New York (2001, 2009-2011), où elle a travaillé en tant que docent au Museum of Arts and Design et au New Museum of Contemporary Art. www.slowculture.fr

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