
Salon du dessin, une 26e édition sous le signe de la tradition
Le Salon du dessin ouvrait ses portes hier pour sa 26e édition, dans l’écrin d’architecture classique du Palais Brongniart. Nous y avons retrouvé son ambiance calfeutrée, ses lumières tamisées – afin de ne pas abîmer les œuvres d’arts graphiques – et ses conversations d’experts, en allemand ou en anglais : tous ici parle la même langue des amateurs d’art.
La manifestation compte pour cette édition un nombre important de galeries américaines et allemandes. Mis à part cet élargissement à l’international, nous n’avons pas remarqué de changements notables au regard des années précédentes. Les Louis-Léopold Boilly et autres valeurs sûres comme les dessins du Parmesan figurent en bonne place.
Malgré des sélections relativement attendues de la part des galeristes donc, ce cru est encore une fois une réussite. Le Salon du dessin fait toujours de Paris la capitale mondiale du dessin durant cette semaine qui lui est consacrée. Ce salon officiel génère d’autres événements annexes, comme Drawing Now ou DDessin, consacrés quant à eux au dessin contemporain. De plus, le Salon du dessin s’est associé le concours des musées depuis 2000. Ainsi, des visites gratuites consacrées aux collections d’arts graphiques ont lieu à cette occasion. Les musées d’Orsay, de Cognacq-Jay ou du Louvre, entre autres, participent à cette Semaine du dessin. Le Petit Palais, quant à lui, présente la collection Horvitz, comprenant notamment des sanguines de Boucher. Le musée des Arts décoratifs joue également le jeu en présentant spécialement des dessins préparatoires de l’orfèvre français Odiot et le domaine de Chantilly inaugure son cabinet d’arts graphiques ce 24 mars.
Tout le monde n’est pas acheteur au Salon du dessin mais chacun peut y admirer des œuvres de la main du Guerchin ou de Gleizes, selon son goût. Nous avons retrouvé des pastels du XVIIIe comme ceux de Rosalba Carriera, des petites “dendrites” de Georges Sand qui réapparaissent au gré des salons… Des dessins inédits de Bonnard, à l’atmosphère inhabituellement sombre chez le peintre ainsi qu’une importante sélection de fusains de Maxime Dethomas ont par ailleurs retenu notre attention.
Un espace d’exposition consacré aux dessins préparatoires du Déluge de Anne-Louis Girodet-Trioson est également à découvrir. Nous avons été frappés par ses mains entremêlées, tordues ou ses corps brisés, exténués par une force supérieure qui les a frappés de plein fouet. Ces feuilles de graphite, pierre noire et fusain sur papier proviennent du fonds du musée Girodet de Montargis, redécouvert il y a peu et rescapé d’une inondation en mai dernier. En ce qui concerne le dessin contemporain qui a tout de même sa place au sein de l’ancienne Bourse, très peu de dessinateurs actuels ont été retenus. Nous avons retrouvé sans surprise des aquarelles de Sonia Delaunay, des collages de Picasso ou bien des esquisses de Magritte mais peu de nouveautés. Parmi celles-ci nous avons tout de même remarqué deux artistes naturalistes talentueux : Reid Masselink (Américain, né en 1974) avec ses jungles luxuriantes et Alex Confer dont la peinture animalière est tout simplement époustouflante, tous deux représentés par la galerie Nathalie Motte Masselink.