Arts

Récolter l’instant de nos évidences : exposition de Nawelle Aïnèche

25 October 2021 | PAR Pauline Lisowski

À la galerie Françoise Besson, de fin août à fin septembre, Nawelle Aïnèche a continué son projet Entre, démarré au début de l’année 2021 lors de résidences, au Musée d’Art Contemporain de Lyon, à la Factatory de la galerie Tator, ainsi qu’avec les Ateliers Médicis. Cette œuvre incarne à la fois son expérience de la sculpture tissée et celle de la performance. Son exposition personnelle ouverte depuis le 2 octobre réunit des œuvres récentes qui ont nécessité un travail au long cours.

De son approche du costume et de la scène, l’artiste poursuit une attention aux matières et aux émotions qui peuvent naître en les observant. « Le temps est mon médium » affirme-t-elle. Dans la première salle, un repose pied recouvert d’un tissage de bandes magnétiques attire notre regard. Ce mobilier devient organique, presque animal et aspire au rêve. Cette œuvre intitulée justement Soit toujours au rendez-vous suscite également la possibilité d’attendre que les souvenirs resurgissent.

L’artiste a créé un environnement de travail de tissage zen, en recouvrant le sol de sable. Nous pouvons ainsi nous déchausser afin de prendre le temps d’expérimenter un paysage recomposé, soigné chaque jour et observer ses œuvres dont la réalisation a demandé un long temps d’immersion dans sa pratique obsessionnelle. Nous sommes conviés à être en mouvement et à nous poser pour apprécier le temps qui passe. En nous déplaçant, nous percevons les variations de la lumière qui se pose sur chaque bande magnétique tissée. L’espace scénique apporte d’autant plus à l’expérience esthétique. L’artiste plasticienne explore au maximum ce médium pour sa qualité plastique, sa souplesse et sa solidité. Pour elle, cet objet est devenu une matière qui incarne des émotions qui la traversent. Les différentes mailles tissées expriment un va-et-vient entre arrêt et mouvement en continu. La technique de tissage, savoir-faire qu’elle a acquis au fur et à mesure, lui permet également de créer des costumes qui contraignent le corps en mouvement et créent des sons étranges, nous appelant à nous questionner sur nos relations à l’espace dans lequel nous nous situons.

Chacun de ses travaux suscite un désir de contact afin de se reconnecter à des souvenirs lointains ou bien simplement à comprendre les matières employées. Ses œuvres tissées incitent aussi à éprouver un moment de calme, d’apaisement et semblent encore vivantes, suggérant de possibles ouvertures et déliements.

Dans ses Cartographie du vide, l’artiste utilise des épingles à couture pour composer des œuvres qui évoquent un paysage en mouvement. Ces objets composent des chemins, ceux que l’on prend seul ou avec les autres, qui nous font avancer ou reculer. Pour la jeune artiste, le vide relie l’œuvre d’art au spectateur qui se déplace attiré par les changements de lumière. Ses œuvres qu’elle nomme Douce réalité relèvent de l’essai, du recommencement et d’une continuité comme si elle souhaitait poursuivre son geste malgré tout. Les épingles apparaissent dans ses œuvres telles des signes d’un lien avec celui qui regarde.

Nawelle Aïnèche privilégie un retour à la matière pour ses qualités plastiques et nous nous rapprochons de ses œuvres comme pour saisir ce qu’elles incarnent et appréhender leur texture. Son travail artistique méticuleux relève de la patience, d’une concentration telle qu’elle se retrouve avec et pendant un temps donné avec son matériau.

Face à ses Fragments, tissage de bandes magnétiques de cassettes tendues sur des châssis ronds, une impression de vouloir se créer une carapace se fait sentir. L’artiste crée des enveloppes qui se rattachent à diverses sensations que nous pouvons avoir sur notre peau.

En prenant le temps de circuler dans l’espace de la galerie et d’ouvrir les yeux, nous découvrons des gris-gris, qui procurent une certaine énergie au sein de l’exposition. Son Ikebana relève d’un soin porté au vide entre chaque élément qui compose l’arrangement floral. Ses œuvres délicates nous invitent à contempler les fragments naturels délicatement mis ensemble.

Ainsi, une grande douceur émane de cette exposition. Nous pouvons prendre plaisir à contempler le rythme du tissage qui découle de chaque création. Le temps de monstration nous amène à revenir pour suivre les différentes étapes de sa création. Nous récoltons alors chaque émotion que nous éprouvons en étant attentif à ce qui se présente dans notre corps.

Galerie Françoise Besson, Lyon, jusqu’au 30 octobre

Visuels : vues de l’exposition Récolter l’instant de nos évidences de Nawelle Aïnèche, galerie Françoise Besson, Lyon

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Pauline Lisowski

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