“Paris au temps des impressionnistes”, un voyage dans le temps
Pour la seconde fois, après l’exposition “Gustave Eiffel, le magicien du fer”, l’Hôtel de Ville accueille de belles œuvres du Musée d’Orsay en pleine rénovation. L’exposition “Paris au temps des impressionnistes” offre une promenade formidable dans la vie culturelle et sociale de la capitale aux racines du XXe siècle.
Le parcours se déroule de façon déconcertante mais amusante. Après une visite à l’étage du Paris architectural où l’on plonge dans la révolution culturelle de l’époque. On voit les théâtres majestueux pousser sur les Grands Boulevards, ainsi, on découvrira le tout nouvel Opéra, conçu par le jeune Garnier a 36 ans à peine. On y découvre la façon dont le visage de Paris est remodelé par le travail d’Hausmann. Le logement se fait social avec des salles d’eau. Les façades s’harmonisent.
La seconde partie de l’exposition se passe dans le hall de la belle salle Saint Jean. La circulation est transversale, on passe d’un cube à un autre dans le sens qui est le notre. Cette liberté sied aux œuvres exposées. Nous plongeons d’abord dans un Paris festif et chic. Les Degas nous invitent à découvrir “L’orchestre de l’Opéra”, nous buvons des verres avec les “Femmes à la terrasse de café “, nous nous promenons dans les allées des jardins parisiens avec l’extraordinaire paravent de Bonnard, “La promenade des nourrices, fris des fiacres”.
Le Paris festif s’oppose au Paris tragique, ce qui donne l’occasion aux commissaires de faire un lien avec l’exposition magistrale donnée actuellement, également à l’Hôtel de ville, sur la Commune. Les deux sujets permettent une approche historique claire des sujets. Nous plongeons dans un Paris social , de la prostituée “Seule” de Toulouse Lautrec à l’éblouissant “La Charge” de Devambez où les lumières des lampadaires illuminent le tableau racontant une manifestation lourdement réprimée dans les années 1892-1894. Dans le Paris de l’affaire Dreyfus et de la Commune, les sujets politiques fleurissent. L’occasion pour les artistes de montrer les barricades ( Maximilien Luce) et les salons politiques ou littéraires.
Mais Paris ne serait pas Paris sans ses monuments et ses avenues. L’exposition se clôt sur un tableau aux couleurs étonnantes, présentant en 1900 “La Tour Eiffel” bleue. Il est signé de Louis Welden Hawkins. Au détour d’une salle, on restera scotchés par un Caillebotte nous offrant une “Vue des toits” sous la neige.
“Paris au temps des impressionnistes” évite de façon fantastique l’aspect best-of malgré la présence de toiles de Monet (La gareSaint-Lazare), de Renoir (Jeunes filles au piano), elle choisit au contraire de nous raconter une histoire en dressant un portrait très contemporain de la ville. Dans ce Paris, le temps est à la fête, la politique se noue et bien sûr la pluie mouille les parisiens courant à “l’exposition de 1900” sous les pinceaux de Charles Paul Renouard. Une exposition définitivement actuelle!
(c) visuel : Monet, La gare Saint Lazare