Expos

Pontoise, Auvers-sur-Oise et L’Isle-Adam: destination impressionniste dans le Val d’Oise

23 September 2021 | PAR Christophe Dard

Jusqu’au 30 septembre 2021, les trois communes du département proposent un voyage au temps des impressionnistes. A cette occasion, de nombreux événements célèbrent les peintres qui ont vécu au 19ème siècle dans la Vallée de l’Oise et en ont fait un site majeur de l’histoire de l’art. De Dupré à Van Gogh en passant par Pissarro et même Le Douanier Rousseau, la liste des artistes venus sur place est longue.

 

Pontoise, Auvers-sur-Oise et L’Isle-Adam… Au cours de la seconde moitié du 19ème siècle, de nombreux artistes leur ont fait la cour et même si certains d’entre eux se sont montrés plus fidèles à une ville en particulier, ces trois communes ne se sont jamais jalousées, éblouies de voir se dresser dans les coteaux, les champs de blé, les forêts et les rivières un nouveau langage pictural nimbé de lumière, l’impressionnisme. L’Isle-Adam puis Auvers ont accueilli les réalistes Dupré et Daubigny, représentants de l’école de Barbizon. Puis de nombreux impressionnistes, avec notamment Pissarro comme guide et Cézanne le taciturne, ont partagé leur chevalet entre Pontoise et Auvers dont les ciels généreux ont versé de leur lumière sur des palettes ravies mais qui prirent une tournure mélancolique et orageuse sous les pinceaux de Van Gogh.

 

Il était donc bien normal qu’en 2021, Pontoise, Auvers-sur-Oise et L’Isle-Adam- mais pour ne pas faire d’envieux, mettez ces villes dans l’ordre que vous souhaitez- participent ensemble à l‘association Destination impressionnisme de la Vallée de l’Oise créée au début de l’année pour valoriser le précieux héritage des artistes installés dans ces trois bastions d’un mouvement qui a révolutionné l’histoire de l’art. Signe de cette réunion, le parc Van Gogh à Auvers, la roseraie Jules Dupré de l’Isle-Adam et l’hôtel de ville de Pontoise présentent un parcours en plein air baptisé « Les peintres de la Vallée de l’Oise ». Par ailleurs, les trois municipalités proposent des illuminations à la tombée du jour, aux couleurs de l’impressionnisme bien évidemment. 
Tout cela est l’occasion de découvrir ou redécouvrir, à pied ou en vélo, l’incroyable patrimoine de ces villes méconnues et qui recèlent de nombreux trésors et d’événements.

 

L’Isle-Adam, l’un des berceaux de l’école de Barbizon

Jules Dupré est, avec Camille Corot et Théodore Rousseau, l’un des fondateurs de l’école du paysage français moderne, l’un des pionniers de l’école de Barbizon. Dupré est également l’un des premiers à s’installer en vallée de l’Oise. Après un voyage en Angleterre où il découvre Constable et Turner, il se fixe à l’Isle-Adam à partir de 1850 et il y meurt, en 1889. Même s’il peint en atelier, il est saisi par la beauté des paysages. Il est, comme le dit le romancier Jules Clarétie, “le poète des cours rustiques, des routes tournantes, des mares où viennent boire les troupeaux à travers les herbes, des pacages pleins de soleil”. Vous pourrez apprécier  l’oeuvre de Dupré au musée d’art et d’histoire Louis-Senlecq qui abrite aussi des toiles d’autres maîtres du paysage, Daubigny, Raffaëlli et Vlaminck.

Jusqu’au 3 octobre, le musée dévoile le travail du graveur Pierre Gatier dont les 130 oeuvres présentées reflètent trois grandes périodes. De 1900 à 1914, les eaux-fortes et aquatintes en couleurs ont pour thème la vie parisienne et ses mondanités. Pendant la Première Guerre mondiale, les gravures sont en noir et blanc et le trait est plus dur, symboliques de ces temps tragiques. Enfin, de 1922 à 1931, alors que Gatier est installé sur les rives de l’Oise, les pointes sèches et les burins gravés uniquement en noir ont pour cadre la vie parisienne qui retrouve de sa vigueur en ces Années Folles ainsi que les paysages de la vallée de l’Oise que l’artiste a quotidiennement sous les yeux.

Lors de votre passage par l’Isle-Adam, vous pourrez aussi admirer le pavillon chinois daté du 18ème siècle, le château Conti et la Rosière dont les onze hectares constituent l’une des plus vastes zones de biodiversité d’Ile-de-France.

 

Auvers-sur-Oise, de Daubigny à Van Gogh

Auvers-sur-Oise a vu défiler plusieurs générations d’artistes. L’un des premiers est le peintre, graveur et dessinateur Charles-François Daubigny. Souvent présenté comme le précurseur et le protecteur des impressionnistes, il vogue à bord de son bateau-atelier, le Botin, dont une réplique, remise à l’eau en 2019, permet de profiter de promenades bucoliques. Peintre de l’eau, l’un des motifs favoris de Daubigny est l’Oise, qu’il explore à divers moments  de la journée.
Daubigny fait également bâtir près du coeur du village une maison-atelier, la villa des Vallées, le premier foyer artistique de la ville et que vous pouvez visiter. Plus de mille oeuvres y sont exposées. Le 26 septembre se déroulera à 16h dans la cour du musée le spectacle « Les figures impressionnistes. Charles-François Daubigny », conçu par la compagnie Les 3 coups L’oeuvre.

 

Au cours de votre balade auversoise, les visites ne manquent pas. Le château abrite un parcours culturel immersif et contemporain , “Vision impressionniste” et une sélection d’oeuvres de la seconde moitié du 19ème siècle. La maison du docteur Gachet permet de découvrir ce lieu qui a servi de refuge à plusieurs artistes, notamment Van Gogh. La maison-atelier Emilio Boggio, consacrée au peintre et photographe vénézuélien présente une série de sculptures conçues par son arrière petit-neveu Xavier Boggio. Au musée de l’Absinthe, vous serez dans l’univers de la boisson favorite des poètes et des artistes avant 1915, date de la prohibition en France de celle que l’on surnommait « la fée verte ». La galerie municipale d’art contemporain vous ouvre également ses portes. La maison de Van Gogh avec sa chambre de 7 mètres carrés et la salle à manger de l’auberge Ravoux sont également des lieux incontournables tout comme les tombes de Vincent et Théo van Gogh.

 

A Pontoise, Pissarro en chef de file de l’impressionnisme

Dans les années 1870-1880, sa silhouette portant un grand chapeau et une longue barbe blanche étaient familiers des Pontoisien(ne)s. Camille Pissarro a vécu pendant presque quinze ans à Pontoise et y a réalisé plus de 300 tableaux, rejoint dans ses pérégrinations par Paul Cézanne, Berthe Morisot et Paul Gauguin, des peintres qui plébiscitent notamment le quartier de l’Hermitage que vous pourrez sillonner dans un parcours impressionniste dépaysant.

 

Un musée est évidemment dédié à Pissarro dans cette « ville d’art et d’histoire » mais aux côtés de ses toiles sont également présentés des tableaux de Signac, de Matisse et des oeuvres des fils de Pissarro. Ainsi, jusqu’au 26 décembre, les carnets de dessins de Ludovic-Rodo Pissarro, le quatrième fils de Camille et auteur du premier catalogue raisonné de l’oeuvre de son père, sont exposés au public. Les visiteurs peuvent apprécier les 220 carnets réalisés des années 1890 aux années 1920, soit plusieurs milliers de feuilles, ainsi que de nombreuses aquarelles.

Une autre exposition se tient également au musée Camille-Pissarro jusqu’au 3 octobre. Elle met à l’honneur les autochromes d’Antonin Personnaz, collectionneur de peintures et de dessins impressionnistes, notamment de Pissarro, dont il devient un ami proche. D’ailleurs, à sa mort en 1936, son legs aux musées nationaux de 142 peintures et dessins comprend vingt-cinq oeuvres de Pissarro. Peintre puis photographe, Personnaz habite à Auvers et la vallée de l’Oise devient son motif de prédilection. Les vues inédites et en couleurs présentées pour cette première exposition dédiée au travail photographique de Personnaz couvrent une période allant de 1907 à 1914 et sont influencées par Pissarro. Les bords de l’Oise saisis à toutes les saisons, des paysans au travail, des portraits de Pissarro, de Boggio ou de Guillaumin, la cavalerie en manoeuvre ou des vues lors des inondations de 1910… Les autochromes d’Antonin Personnaz sont les témoignages de la vallée de l’Oise au début du XXème siècle.

Enfin, toujours à Pontoise, et pour les plus mélomanes d’entre vous, le très renommé Festival baroque ouvrira ses portes à partir du 25 septembre pour sa 34ème édition.

Christophe Dard

Pour Autrui : l’ode à la vie de Pauline Bureau à la Colline
Une Histoire d’amour : Michalik triomphe à la Scala
Avatar photo
Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration