
Manuscrits de Birmanie au musée Guimet
Une partie de la collection de manuscrits du Myanmar du musée Guimet réintègre ses pénates après un long dépôt d’un demi-siècle à la Bibliothèque nationale de France. Une occasion magnifique de redécouvrir des aspects méconnus de cette culture et de venir admirer des objets rarement exposés en raison de leur fragilité.
Rendez-vous dans la rotonde des arts graphiques du musée, qui accueillit entre ses murs la première cérémonie bouddhique en France en 1891. Là, sous un éclairage tamisé, quelques vitrines nous présentent ces joyaux d’une valeur inestimable, tant par la préciosité des matériaux que par leur rareté.
Les manuscrits se divisent essentiellement en trois groupes : les kammavaca, magnifiques livres d’ordination laqués et dorés ; les manuscrits gravés sur olles (feuilles de palmier tallipot), dont les feuilles coupées dans un format oblong sont très légèrement gravées avec un stylet métallique ; et les parabaik : miniatures à l’encre peintes de couleurs vives sur du papier traditionnel plié en paravent.
Il faut noter que la copie de manuscrits par les moines revêtait une fonction religieuse assez semblable aux pratiques monacales occidentales. Ce qui surprend ici, outre la finesse et la beauté des calligraphies ou la délicatesse des couleurs, c’est avant tout la multiplicité des combinaisons adoptées entre les matériaux et les couleurs des supports, l’écriture et la langue, alors même que le fond respecte un ordonnancement assez strict. Ainsi, un manuscrit peut présenter une calligraphie birmane pour un texte en pali et en langue thaïe ; l’écriture birmane est tour à tour carrée ou ronde ; quant aux matériaux, ils déclinent entre autres l’ivoire, la laque noire ou rouge, la soie, la gomme-gutte.
Les parabaik notamment, nous permettent d’imaginer le faste encore intact de la cour avant les ravages causés par les guerres anglo-birmanes (1824-1885), responsables de la chute de la dynastie. Les dizaines de mètres de feuillets, dont nous n’avons qu’une vision fragmentaire, déploient un monde perdu de chasses, de fêtes, de cérémonies qui marquaient la vie de la cour et des habitants sous les dernières dynasties, dans un paysage simple et onirique, peuplé d’animaux, de personnages et de créatures de toute sorte.
L’ensemble est complété par un plan d’Ava, capitale de la Birmanie de 1364 à 1841, et une maquette en bois d’un édifice religieux du 19e siècle, contemporaine des manuscrits exposés.
Visuels : Manuscrit – Mulapannasatthakatha Buddhaghosa (IVe-Ve siècles) entre 1763 et 1776 © RMN (musée Guimet, Paris)/Benjamin Soligny / Raphaël Chipault
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