Arts
Les stars du street art à Montparnasse

Les stars du street art à Montparnasse

05 December 2012 | PAR Elodie Rustant

Le discret Musée de la Poste part à la conquête du public parisien en programmant une exposition consacrée aux grandes figures mondiales du street art. Un parcours succinct mais plaisant.

Le street art n’en finit plus de passionner les musées. Après des expositions au Grand Palais et à la Fondation Cartier, le musée de la Poste s’empare du phénomène en exposant les plus grands noms de cet art né dans la rue, mais qui fait le bonheur des collectionneurs et des galeries.

Si l’on ne fait pas de découverte particulière sur l’univers du street art, on découvre avec plaisir des œuvres particulièrement bien exposées, dont certaines ont été spécialement créées pour l’exposition. Notons notamment un pochoir de Miss Tic et une œuvre de Vhils, véritable prouesse technique.

Cette juxtaposition d’œuvres permet une comparaison efficace des différentes positions des artistes.

Si Banksy et Invader jouissent par exemple d’une énorme popularité, leur travail s’opère dans la plus stricte intimité en masquant systématiquement leurs visages, tandis que Shepard Fairey, plus connu sous le nom d’Obey (l’inquiétant visage placardé sur des milliers d’éléments de mobilier urbain à travers le monde), travaille à visage découvert sans souci d’anonymat.

La contestation et l’engagement restent le fil rouge du travail des artistes exposés. Dran, artiste toulousain soutenu par Banksy, écorche notre société avec ses œuvres cyniques souvent cruelles, à l’image de Ville propre (2011) où un SDF est couvert de peinture blanche pour se fondre dans le décor. Née dans le Connecticut, Swoon se place dans une démarche humaniste en placardant sur les murs des portraits de personnes rencontrées au hasard de ses voyages. Gravés sur linoleum puis imprimés sur de larges feuilles de papier recyclé, la délicatesse de ces portraits contraste avec la dureté du mobilier urbain.

Les portraits écarlates et monumentaux de Shepard Fairey sont quant à eux fortement marqués par une inspiration d’affiches de propagande soviétique. Pour la réalisation de la fresque murale Rise above rebel (commandée par la mairie du 13e arrondissement), l’artiste a confié avoir voulu représenter une sorte d’archétype de figure subissant l’oppression. Sous les traits de cette femme, c’est plus largement la société qui est dépeinte.

 

Rero dépasse même le strict cadre du street art en proposant une réflexion autour de la signification et de la négation même des mots et de l’image. Son travail, s’assimilant à de l’art conceptuel, consiste à investir des lieux abandonnés pour y laisser d’énigmatiques messages barrés. Marqués par une forte puissance visuelle, ces messages constituent pour lui un outil de mise en valeur d’endroits menacés de disparition.

Pour la galeriste Magda Danysz (qui prête un grand nombre d’œuvres au musée), nul doute que le street art est le mouvement artistique le plus important de ce début de siècle. Souhaitons que l’appétit féroce du marché de l’art n’entrave jamais ce grand vivier créateur.

Visuels :

Invader, Black Extension, mosaïque sur panneau, particulière ©photo M. Fischer Invader ©ADAGP Paris 2012
Banksy, Laught now, sérigraphie couleur sur pochette de disque vinyle
Shepard Fairey, Rose soldier, pochoir sur collage de papier et affiche de propagande soviétique, Dimitri Moor

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Elodie Rustant

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