
L’entrée dans l’infini de Roman Opalka
Le peintre fou des chiffres est mort. Lui qui rêvait de toucher l’infini des ses toiles aux nombres par milliers s’est éteint le 6 août à Rome. Roman Opalka avait 79 ans.
Il quitte la France a 4 ans, lorsque ses parents décident de rentrer dans leur pays, la Pologne. Nous sommes en 1935 et la famille sera déportée par les nazis en Allemagne en 1940. Il choisira de vivre définitivement en France en 1977.
Son oeuvre majeure est : “1965/1 à infini” – une série de toiles de même dimension sur lesquelles il inscrivait depuis 1965 les nombres en ordre croissant à partir du chiffre “1” et qui étaient “à la fois un document sur le temps et sa définition.”, il ajoute ” Ma proposition fondamentale, programme de toute ma vie, se traduit dans un processus de travail enregistrant une progression qui est à la fois un document sur le temps et sa définition. Une seule date, 1965, celle à laquelle j’ai entrepris mon premier Détail.”
Chaque “Détail” appartient à une totalité désignée par cette date, qui ouvre le signe de l’infini, et par le premier et le dernier nombre portés sur la toile. J’inscris la progression numérique élémentaire de 1 à l’infini sur des toiles de même dimensions, 196 sur 135 centimètres (hormis les “cartes de voyage”), à la main, au pinceau, en blanc, sur un fond recevant depuis 1972 chaque fois environ 1 % de blanc supplémentaire. Arrivera donc le moment où je peindrai en blanc sur blanc. ” Cet instant est arrivé en 2008 nommant cet acte “blanc mérité”.
Frédéric Mitterrand a déclaré : “On se souviendra aussi de ce visage émacié, devenu lui-même chenu, que ses “autoportrait” photographiques exposaient d’une manière implacable” soulignant que le peintre était un “Ascète de l’art contemporain, apôtre de la radicalité” et “un moine soldat de la peinture. ” En effet, après chaque séance de travail dans son atelier, Roman Opalka a pris la photographie de son visage devant le “Détail” en cours.
Ses oeuvres se trouvent notamment dans les collections permanentes du Centre Pompidou à Paris, du MOMA à New-York, du Los Angeles County Museum, de la Kunsthalle à Hamburg, du Musée d’Art à San Paulo et dans plusieurs musées polonais. Selon l’AFP, sa dernière toile doit revenir, selon un accord passé avec l’artiste, au Musée d’art moderne de Lodz (centre) où est déjà exposé le premier tableau du cycle.