Arts

Alexandre Lenoir à la galerie Almine Rech : plongée en eaux double

07 May 2021 | PAR Christophe Dard

Pour sa troisième exposition chez Almine Rech, après celles de Paris et Bruxelles en 2020, l’artiste de 29 ans dévoile dans l’espace de la rue Matignon des œuvres singulières, à la fois complexes et épurées, qui évoquent les paysages caribéens mais sont en fait universelles car elles abordent la force des éléments, la fragilité humaine et la mort.

 

Elles ne peuvent pas vous laisser indifférentes. A peine aurez-vous franchi le seuil de la galerie Almine Rech au 19 rue Matignon à Paris que les toiles d’Alexandre Lenoir vous apparaîtront comme les totems qui, du haut de leur grand format, hypnotisent par le motif, la couleur, la technique employée et les secrets qui suggèrent plusieurs interprétations. Dès lors, difficile de penser que leur auteur n’a que quelques années de carrière. Alexandre Lenoir a en effet été diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 2016 mais son travail a tout de l’artiste confirmé.

Installé à Casablanca pour suivre sa formation artistique avant de poser ses valises et son inspiration près de Paris, Alexandre Lenoir ne lâche pas son œuvre, créant et recréant jusqu’au transport de la toile vers la salle d’exposition. Laisser du répit est un renoncement de la force que l’œuvre peut encore aller chercher sous les doigts meurtris de l’artiste. Il utilise de multiples couches de lavis de couleur combinées à une technique élaborée de pochoir, et arrache les morceaux de scotch encore présents sur la toile.

Très pudique, les peintures d’Alexandre Lenoir esquissent les contours d’une autobiographie nimbée de mystères

la Guadeloupe natale dont chaque feuille de la mangrove luxuriante et chaque couche géologique sont les marches de cet escalier qui mène aux souvenirs de l’enfance, avec ses joies et ses fébrilités. Car dans ces paysages caribéens à la beauté nonchalante, musicale et à la chaleur moite, la gravité essaime son infortune, creusant des fissures dans cette lumière tropicale: corps noyé, figure christique ou baigneur qui semble abdiqué face à la domination de l’eau comme l’Ophélie préraphaélite de John Everett Millais… Au-delà des clichés sur les Antilles paradisiaques, Alexandre Lenoir dépeint aussi les réalités d’un monde dans lequel la nature a toujours le dernier mot mais qui charrie également les fragments de l’âme et de l’histoire personnelle de leur auteur.

Christophe Dard

INFORMATIONS PRATIQUES :
Alexandre Lenoir, Sous le niveau de la mer
Jusqu’au 29 mai 2021
Galerie Almine Rech
19 rue Matignon 75008 Paris
Sur rendez-vous et ouvert au public à partir du 19 mai 2021
[email protected]
www.alminerech.com
01 45 83 71 90

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Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

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