Premier bilan de la saison culturelle Japonismes 2018
Après huit mois et près de soixante-dix évènements dans la programmation officielle, la saison Japonismes 2018 s’achèvera fin février. L’occasion de faire un premier bilan avec M.Masuda, Directeur Général du secrétariat pour Japonismes 2018, les âmes en résonnance.
Fin décembre, les chiffres indiquaient déjà l’ampleur du succès de cette saison culturelle japonaise. Le public français a massivement répondu présent aux différents évènements proposés : le programme officiel cumulait alors un million cinq cent mille visiteurs et spectateurs. Mais cela n’inclut pas les œuvres installées dans l’espace public comme Throne de Kohei Nawa sous la pyramide du Louvre, ou les programmes associées, qui comptent eux un million de visiteurs. « Japonismes 2018 ne peut pas être comparé avec d’autres évènements culturels étrangers en France, son ampleur est sans équivalent », nous dit M. Masuda, « c’est une deuxième vague culturelle japonaise après l’exposition universelle de Paris de 1900 ».
Japonismes 2018 a proposé un éventail très varié de manifestations, entre expositions, spectacles vivants, rétrospective de cinéma, art de vivre ou encore le matsuri organisé au Jardin d’Acclimatation, évènement le plus symbolique de la saison pour M. Masuda, qui a déplacé 350 japonais à Paris et a entraîné une couverture médiatique très importante au Japon.
Dès l’origine, la programmation s’est tournée vers les aspects méconnus en France de la culture japonaise. Pas question d’une énième exposition d’ukiyo-e, art déjà connu et admiré du public français. Cette volonté de faire découvrir et approfondir la culture japonaise, de sortir des sentiers battus, a donné des résultats grandioses : présentation d’œuvres rares et venue d’artistes exceptionnels alliant la tradition et la modernité, proposant des points de vue nouveaux.
Et la confiance en la curiosité française a payé : 75 000 visiteurs pour l’exposition Jakuchu au Petit Palais par exemple, des œuvres de la collection impériale très rarement exposées et prêtées pour un mois seulement. Le Japon a prêté de nombreux trésors, qui ne ressortiront pas avant longtemps de leur pays d’origine : les poteries préhistoriques Jômon, le paravent de Sôtatsu de l’exposition Rinpa du Musée Cernuschi, ou encore les trois sculptures de Nara en ce moment au Musée Guimet, pour ne citer que ceux-là.
Dans la catégorie du spectacle vivant, les représentations de Gagaku, ou de kyôgen, pourtant si loin de ce que l’on connait et pleines de codes et traditions inconnus en France, ont fait salle comble, tout comme le concert de l’idole virtuelle pop Hatsune Miku.
On peut déjà remarquer que Japonismes 2018 a eu un impact sur les institutions françaises qui ont accueilli les manifestations. Les publics ont changé, comme par exemple à La Villette suite à l’exposition immersive TeamLab, les programmations se sont ouvertes à de nouveaux territoires (on pense aux week-ends japonais de la Philharmonie de Paris ou aux pièces de Kuro Tanino au T2G), et des contacts avec les artistes japonais se sont développés. S’il faut encore attendre pour voir les retombées côté japonais, on ne peut que penser que ce travail titanesque de présentation de leur propre culture à un public étranger amènera les acteurs de la culture japonaise à porter un regard renouvelé sur leur patrimoine créatif.
Pour M. Masuda, « le point commun entre les Français et les Japonais est la curiosité culturelle, il y a une vraie résonance des âmes entre les deux peuples ». Cela serait donc un développement naturel de prolonger cet échange par une saison française au Japon, comme l’a déjà esquissé le Tandem Paris-Tokyo, et qui pourrait voir le jour en 2021 sous la houlette de l’Institut Français.
« Sur le plan culturel il n’y a aucun nuage entre la France et le Japon » conclut M. Masuda. Espérons que cette communauté culturelle franco-japonaise donne de nombreux autres évènements de la qualité de ceux présentés par Japonismes 2018.
Visuel : affiche Japonismes 2018