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Picasso et la préhistoire

Picasso et la préhistoire

04 February 2023 | PAR La Rédaction

Le Musée de l’Homme propose du 8 février au 12 juin 2023 une exposition consacrée à l’influence de l’art pariétal sur le travail de Picasso à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire de la mort de l’artiste. Faisant écho à l’exposition « Arts et Préhistoire » que le Musée de l’Homme accueille depuis le 16 novembre dernier et jusqu’au 22 mai 2023, « Picasso et la Préhistoire » établit un parallèle surprenant entre le paléolithique supérieur et l’œuvre de Picasso.

Par Marc Bittoun

L’art pariétal a eu une influence majeure sur le travail de Picasso

En pénétrant dans la première salle de l’exposition, le visiteur est saisi par une toile de grand format que l’on pourrait très bien imaginer avoir été peinte sur la paroi d’une grotte il y a plusieurs milliers d’années. Cette œuvre titrée « Femme lançant une pierre » peinte en 1931, qui est également reproduite sur l’affiche de l’exposition, suggère des formes féminines et épurées et les couleurs utilisées par l’artiste sont minimalistes et rappellent sans ambigüité les ocres et noirs soutenus au charbon de bois que les premiers artistes du paléolithique supérieur employaient. Quant aux formes rondes et douces, elles s’inscrivent dans une continuité saisissante avec la Vénus de Lespugue et les autres Dames ou Vénus découvertes depuis le début du 20ème siècle.

Le ton de l’exposition est alors donné sans détour, et l’on comprend aisément la fascination que l’art pariétal exerça en permanence sur le travail du maestro.

Une fresque temporelle établit un parallèle étonnant entre les dates clés des découvertes d’art rupestre et la vie de Picasso. Ainsi, la grotte d’Altamira (Cantabrie, Espagne) fut découverte en 1879, Picasso naîtra deux ans plus tard. Lorsque les œuvres et artefacts que la grotte contient sont authentifiés en 1902 (par l’Abbé Breuil), Pablo Picasso s’installe à Paris et débutera une série d’échanges avec Brassaï dont certains moments forts sont rapportés sur les murs des salles d’exposition.

Au total, l’exposition rassemble une quarantaine d’œuvres du maestro qui couvrent l’art pictural, le moulage et la gravure sur galets. Bon nombre de ces œuvres sont inédites et présentées au public pour la toute première fois, comme la série de petits galets gravés, des clichés photographiques pris par Brassaï de la collection personnelle et diverse de Pablo Picasso (qu’il exposait dans des vitrines dans son atelier des Grands Augustins), des modelages ou des sculptures. Une partie de ces objets a été prêtée par la succession Picasso (dont la série d’ossements auxquels Picasso vouait une passion). La Vénus au gaz (réalisée en 1945 à partir d’un bec de gaz prélevé par l’artiste sur sa cuisinière) est contemporaine de la découverte de la grotte de Lascaux et puise directement son inspiration dans la Vénus de Lespugue en nous rappelant les codes de la féminité, de la maternité et de la fécondité.

L’abstraction au service de la défense de l’art figuratif

Picasso n’a cessé de défendre férocement l’art figuratif en rejetant l’idée même que son art pût appartenir à la famille de l’abstraction.

C’est finalement le magnétisme que l’art pariétal exerce sur le maître qui lui donnera en quelque sorte raison. Le tableau Femme lançant une pierre, ne saurait être considéré à l’aune des créations paléolithiques, comme une œuvre abstraite. La simplicité des formes et des traits suggère bien au-delà l’épure au service absolu du message et du sujet ; et ici, la comparaison avec la Vénus de Lespugue prend tout son sens. Rien n’est abstrait dans l’œuvre de Picasso, tout est figuration, le minimalisme des formes et des couleurs vient renforcer le sujet traité.

Et pour s’en convaincre, le visiteur ne manquera pas en quittant l’exposition, de déambuler autour du balcon des sciences où des artistes contemporains (peinture, sculpture, dessin) rendent hommage à la Vénus de Lespugue … ou à Picasso ?

Mais n’est-ce finalement pas le propre de l’humanité de laisser des traces intemporelles que chacun saura admirer, contempler ou étudier pour à son tour s’en inspirer.

Marc Bittoun

 

Information :

Musée de l’homme 

17 Place du Trocadéro

75016 Paris

Picasso et la Préhistoire du 8 février au 12 juin. Ouvert tous les jours, sauf le mardi, le 1er janvier, le 1er mai, le 14 juillet et le 25 décembre

Visuel : Affiche de l’exposition

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