Neandertal L’expo – des siècles de fantasmes artistiques
Grâce aux récentes découvertes scientifiques, le portrait de l’homme Neandertal peut désormais être dressé au plus proche de la réalité. Ce personnage préhistorique a toujours fait l’objet de représentations subjectives. Une source d’inspiration pour les créations de tout temps, exposées au Musée de l’Homme, jusqu’en janvier prochain.
Neandertal a toujours fait l’objet de fantasmes dans le monde de l’art. Jugé comme bestiale ou doté d’une grande capacité à communiquer, il a souvent fasciné les artistes. Déjà au Moyen-Age, les illustrateurs imaginaient cet homme préhistorique tel une sorte d’ogre, prêt à manger ses propres enfants. Des créateurs probablement influencés par l’aspect cannibale de Neandertal. Une pratique jugée sauvage dans notre monde mais qui, à la préhistoire, servait à rendre hommage aux ennemis et aux défunts. Empreint d’humanité, cet hominidé voulait créer du lien avec les siens. Dans « AO » de Jacques Malaterre, film tiré du roman de Marc Klapczynsk, Ao, néandertalien, seul rescapé de son ère, tente faire perdurer son espèce. Mais la rencontre d’une Homo Sapiens qu’il apprend à connaitre et aimer va bouleverser ses croyances. Des croyances, ancrées sur 300.000 ans et qui bien souvent dépendaient de son milieu.
Neandertal a été le premier à maitriser le feu et tourner son alimentation vers les animaux. Souvent régalés par des espèces nobles telles que le cerf ou encore le gibier, mais aussi de plus grands mammifères. « La fuite devant le mammouth » de Paul Jamin, premier peintre à avoir crayonné cet homme préhistorique, illustre parfaitement la chasse. Des animaux qui ne servaient pas seulement à nourrir les foyers de peuplement. Les néandertaliens, se servaient également d’eux, pour se vêtir. Des peaux de mammouths comme vêtements aux ivoires comme bijoux. Il est clair que ces hommes étaient sensibles à l’art. Des pierres taillées en forme de visage ont été retrouvées, mais plus étonnant encore, dans la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne), des spéléologues ont découverts quatre cents stalagmites juxtaposées, oeuvre de Neandertal.
Si sensible, l’homme de Neandertal a pourtant longtemps été considéré comme une étrange bête de foire. Au XXème siècle, le sculpteur Cesare Lombroso, le voyait simiesque, carrément effrayant. SI bien qu’aujourd’hui le mot « Neandertal » résonne dans certaines langues comme une insulte, qui renvoie à l’ère coloniale, où seul l’homme blanc était considéré comme supérieur.
Bien loin de ses considérations archaïques, l’Homo Neandertalensis et plus généralement l’homme préhistorique est devenu symbole de la culture populaire. Des plus jeunes, qui peuvent apprendre son histoire singulière à travers le dessin animé « Les croods » de Chris Sanders et Kirk DeMicco. Aux plus grands qui profitent de séries bien pensées sur le thème, à l’image de « Neandertaler » de Nikolaus Kraemer ou encore de bandes-dessinés ultra figuratives.
L’image de cette être préhistorique a également changée. Désormais on le représente numériquement. Les imprimantes 3D ont sues retranscrire chaque centimètre du crâne de l’homme de La Chapelle-aux-Saints. Moderniser Neandertal, passe aussi par son look, la créatrice Agnès B a totalement revisité son style vestimentaire, en proposant une version working-girl de Kinga, femme de la préhistoire.
Neandertal L’expo, à découvrir jusqu’au 7 janvier 2019 au Musée de l’Homme.
Plus d’informations sur : http://neandertal.museedelhomme.fr
Visuels : © Alexia Blick