Murillo, Van Der Elsken et Bahri au Jeu de Paume
Après le succès des expositions de Peter Campus et d’Eli Lotar cet hiver, le Jeu de Paume présente trois nouveaux artistes très différents. Photographe reconnu ou vidéaste émergeant ; artistes européen, sud-américain ou encore nord-africain ; productions des années cinquante ou d’il y a quelques mois : la proposition est complète et de qualité.
Instruments – Ismaïl Bahri
Une goutte d’eau posée sur un poignet qui subit les vibrations du pouls et laisse ainsi deviner la fragilité de la vie ; une page de magazine, pliée et repliée qui se décolore et laisse ses pigments sur les mains ou encore une feuille de papier qui brûle avec une extrême lenteur sont autant de micro-situations filmées par Ismaïl Bahri et présentées jusqu’au 24 septembre au Jeu de Paume. D’une rare poésie, le travail d’Ismaïl Bahri polarise l’attention du visiteur sur des événements insignifiants et révèle ainsi toute leur sensualité. Ses vidéos sont longues, ce sont des boucles, des actions répétées sans relâche. Ainsi Ismail Bahri épuise le geste qu’il expérimente, il n’en retient que l’essentiel et comme une décantation poétique, la répétition entraîne souvent la disparition. Jeune artiste franco-tunisien reconnu depuis seulement une dizaine d’années dans le milieu de l’art contemporain, Ismaïl Bahri connait cet été avec Instruments sa première exposition d’ampleur. Sans doute la première d’une longue série.
Estructuras resonantes – Oscar Murillo
A l’occasion des dix ans de la programmation Satellite, le Jeu de Paume — grâce au concours du CAPC de Bordeaux et de la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, co-producteurs de l’exposition — frappe fort en présentant le travail du Colombien Oscar Murillo, un artiste mondialement connu dont le travail pictural est souvent comparé à celui de Jean-Michel Basquiat. Mais pour la programmation Satellite dont le commissariat est proposé cette année à Osei Bonsu, l’artiste propose une vidéo. Estructuras resonantes est donc un film réalisé par Oscar Murillo lors d’un voyage à Marrakech. Une vidéo, un moment de vie saisi aux abords d’une place où touristes et natifs se sont regroupés pour écouter les musiques traditionnelles jouées par un groupe de bédouins. Avec le regard subjectif de l’artiste on découvre alors les rythmes et l’harmonie que créé le spectacle urbain.
La vie folle – Ed Van Der Esken
Entre le photojournalisme et le récit de voyage, l’oeuvre de Ed van der Elsken dévoile la jeunesse des années 1950 à 1980, de Tokyo à Amsterdam en passant par la Centre Afrique. Parfois dorée, comme dans les brasseries parisiennes de Saint Germain des Prés, d’autres fois plus désenchantée — voire déjantée — comme dans les quartiers de Tokyo, cette jeunesse oscille entre le spleen et la folie. Avec son appareil photo, Ed van der Elsken saisit avec douceur tout l’érotisme et la poésie des milieux qu’il intègre. Pleine d’humanité, ses photographies captent le langage du corps et retranscrit avec authenticité la vie de ces bohèmes. Un artiste majeure de la scène artistique néerlandaise, à découvrir jusqu’au 24 septembre prochain au Jeu de Paume.
Visuels :
1. Revers (2017) Ismaïl Bahri
2. Ligne (2011) Ismaïl Bahri
3. Source (2016) Ismaïl Bahri
4. Untitled (2017) Oscar Murillo
5. Quartier de Nieuwmarkt – Amsterdam, 1961 (v. 1978)
© Ed van der Elsken / Ed van der Elsken Estate
6. Beethovenstraat – Amsterdam, 1967
© Ed van der Elsken / Ed van der Elsken Estate, courtesy Annet Gelink Gallery
7. Couple s’embrassant – Japon, vers 1974 (2015)
© Ed van der Elsken / Ed van der Elsken Estate, courtesy Annet Gelink Gallery