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[Londres] Les nus radicaux de Egon Schiele au Courtauld Institute

[Londres] Les nus radicaux de Egon Schiele au Courtauld Institute

31 December 2014 | PAR Yaël Hirsch

Jusqu’au 8 janvier la précieuse galerie de l’école d’art affiliée à l’Université de Londres et créée l’industriel ami des arts, Samuel Courtauld, réunit en deux pièces au goût exquis des nus toujours aussi dérangeants et fascinants du peintre viennois Egon Schiele. “Egon Schiele, the radical nude” est une de ces expositions parfaites, aux morceaux parfaitement choisis et qui laisse le souffle coupé.

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On entre dans l’exposition par un accent mis sur l’année 1910, présentée avec efficacité comme celle de l’accès à la renommée de ce disciple iconoclaste de Klimt qu’est Egon Schiele, avant d’entrer dans une deuxième pièce qui permet de voir comment évolue le dessin des corps par Schiele. Une galerie d’autoportraits et de portraits de mime permet de faire le pont vers la suite : l’artiste a peu à peu les moyens de se payer des modèles et les fait poser, parfois avec une veste rouge (1911) ou un châle vert (1911). Dans les années 1913 et 1914, le dessin se fait presque peinture, avec une représentation ultra-réaliste des veines, des poils et de la peau, dans une minutie ricanante qui quitte l’usage expressionniste de la couleur pour aller vers une autre quête. EN ce sens, le diptyque formé par l’artiste se représentant lui-même en en train de danser (La dance, 1913) et du coupe de femmes (Amies, 1914) est absolument marquant.

Focalisée sur les œuvres sur papier qu’elle fait venir du Leopold Museum de Vienne mais aussi de Vienne, Nuremberg, de collections particulières et de Budapest (Deux femmes s’embrassant, 1915) cette exposition sur le nu radical de Schiele agence ses précieux trésors avec assez d’art et de renseignements (chaque dessin est brièvement mis en contexte) pour nous permettre d’aller des corps exposés dans leur chair, leurs os et leur sexualité, aux visages qui se refusent immanquablement à l’œil du spectateur. En ce sens, le dessin le plus intriguant est le portrait se sa sœur Gertrud, exposé sous le titre de Femme ricanant (2011) : impossible de déchiffrer l’expression de ce visage absolument fascinant.

Une grande expo, qui permettra aux français en goguette à Londres de retourner voir les chefs d’œuvres parfois trop peu connus conservés et exposés avec grâce dans cet hôtel particulier au charme inégalé et qui sont signés Rubens, Manet, Degas, Vlaminck et Van Gogh…

visuel : affiche de l’exposition

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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