
Le Centre Pompidou déroule le tapis rouge à “Littérature”
“Littérature”, au delà de la discipline, le nom est celui d’une revue pré-surréaliste créée en 1919 par Aragon, Breton et Philippe Soupault à laquelle ont contribué Man Ray et Picabia. Une aventure qui a duré deux ans et qui a été le témoin de la transition foisonnante du dadaïsme au surréalisme.
1922-1922, deux ans qui ont vu les noms de Max Ernst, Picabia, Breton, Man Ray au sommaire. C’est un mécénat de Sanofi qui a permis l’entrée dans la collection de Pompidou de 26 dessins de Picabia dont seulement 9 étaient connus. Littérature est une revue d’avant-garde, y participent ceux qui deviendront des noms. Breton, seul directeur en 1921 recrute Picabia qu’il ne connaissait pas. Il fera la même chose avec Man Ray.
L’exposition se situe dans le Musée d’Art Moderne qui inaugurait son nouvel accrochage, thématique et très contemporain, et elle fait face aux Magiciens de la terre qui reprend l’exposition révolution de 1989. L’accrochage se fait sur murs rouges et blanc dans un format assez étonnant pour Beaubourg. Il faut dire que la difficulté était grande : comment exposer une revue littéraire où la photographie était présente de façon exceptionnelle pour son temps (cinq photos en 2 ans), mais peu pour une exposition en 2014.
L’idée aura été d’entrer dans la micro histoire de l’art et de présenter les numéros 9 à 13 de façon chronologique. Chaque numéro porte le texte d’un résumé qui en donne l’esprit. Pour le 6, des mains gantées sont en couverture, symbole des premières séances de sommeil hypnotique. Le numéro 5 présente lui une sainte qui se masturbe. Choc, provoc, rien ne résiste à la plume noir devenue pour l’occasion figurative de Picabia. Ici ou là on voit des aphorismes de Duchamps.
Pour apporter de la visualité à la revue, les commissaires ont pensé à faire dialoguer les oeuvres. Par exemple, le projet de couverture montre une femme la tête en avant dont les cheveux lachent le mot “littérature” fait référence au Grand nu renversé en arrière (1923). Vers la fin, au moment de l’entrée dans le suréalisme, on voit le nom de Picasso surgir, enfin. Il faut dire que la guerre est déclarée entre ces nouveaux réalistes et les cubistes.
Textes, poèmes, dessins, peinture, tout ici dialogue dans une circulation fluide. A voir.
Visuel © Centre Pompidou, musée national d’art moderne, Paris
Francis Picabia, Sans titre, projet de couverture pour la revue “Littérature” (1922-1924), mine graphite et encre sur papier 31,4 x 24,1 cm
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