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A Angoulême, une “Odyssée” essentielle qui associe photographie et bande dessinée

A Angoulême, une “Odyssée” essentielle qui associe photographie et bande dessinée

25 January 2019 | PAR Alexis Duval

La voyageuse-photographe Lara-Scarlett Gervais a donné carte blanche à des artistes de bande dessinée qui se sont inspirés de son travail. L’exposition est à voir à l’Hôtel Saint-Simon d’Angoulême jusqu’au 27 janvier.

Une exposition dont le nom sonne comme une évidence : “Odyssée”. Jusqu’au 27 janvier, la voyageuse-photographe Lara-Scarlett Gervais s’est associée à treize dessinateurs de BD du monde entier pour réaliser une série montrée au public du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Découvrir leur collaboration, c’est se plonger dans une autre vision du monde. De l’Etat du Kerala, en Inde, au delta de l’Okavango, au Botswana, en passant par les montagnes arméniennes ou les plaines du Turkménistan, le travail photographique de Lara-Scarlett Gervais trouve une autre vie en planche dessinée sous l’œil d’artistes comme Barly Baruti, Emilie Gleason, Grazia La Padula… ou encore Karl Zéro et Daisy Derrata, qui ont commencé leur carrière dans la BD. L’exposition, dont Toute La Culture est partenaire, est visible jusqu’au 27 janvier de 10 heures à 19 heures au Jardin de l’hôtel Saint-Simon, 15 rue de la Cloche verte, à Angoulême.

Comment est né le projet de cette exposition ? 

Cette idée était certainement inconsciente depuis plusieurs années mais elle est devenue consciente dernièrement. Je crois que se sont d’abord mes voyages puis une suite d’évènements qui m’ont conduite à m’engager sur ce projet Odyssée, qui est un peu fou par son ambition. 

Je suis partie d’une réflexion où je souhaitais donner du sens à ma démarche de voyageuse puis de photographe. Après avoir vu le meilleur et le pire dans mes périples, je crois que la clé de tout se trouve dans les mains des enfants et donc dans l’éducation. Je suis très sensible et convaincue par une idée simple : ce sont nos enfants qui pourront changer le monde pour qu’il devienne meilleur.

Il y a aussi eu mon exposition “Alâthar, Seul(e) après Daesh”, soutenue par l’ONU et le bureau UNESCO de Genève sur la thématique de la destruction du patrimoine culturel en Syrie et en Irak. Sur le projet Odyssée, j’avais également envie d’alerter d’une autre manière sur la disparition du patrimoine en général. Car s’intéresser au patrimoine, ce n’est pas être tourné vers le passé, c’est préparer le monde de demain. 

Finalement, avec l’association Héritage & Civilisation, dont je suis la présidente, nous développons ce programme d’ateliers internationaux de valorisation du patrimoine en milieu scolaire. Ensuite je me suis dit que l’image était un outil pédagogique formidable. Une image peut nourrir une réflexion, faire réagir sur le thème de la préservation du patrimoine. La bande dessinée est alors apparue comme une évidence. Quoi de mieux pour faire réagir des enfants dans des codes qui ont déjà parfaitement assimilées ?

Que permet, selon vous, le recours à la bande dessinée par rapport à la photographie, le médium par lequel vous vous exprimez et à travers lequel vous voyagez autant que vous faites voyager ?

C’est une bonne question ! Il y a des similitudes et quelques différences. La première chose qui me vient en tête, pour la photographie comme pour la BD, c’est que les auteurs donnent leurs points de vue. C’est d’ailleurs ces prises de position qui sont communes et essentielles. Cela provoque  des émotions. Ensuite, cela permet de défendre une opinion. On pourrait aussi dire qu’il y a un angle et une façon de traiter les sujets qui sont vrais dans la BD comme dans la photographie. On veut faire rire, émouvoir, prendre du recul, créer du décalage, esthétiser… Tout cela se retrouve dans l’exposition finalement.

Pour les différences, je crois qu’on attend davantage la BD sur certains territoires comme l’humour par exemple. Pour prendre le cas de la planche sur les temples de Bagan, Hubert Maury a choisi de faire rire. Quant à la photographie, j’aurais eu plus de mal à obtenir le même résultat. D’abord parce qu’il faut considérer que la plupart des photographes sont des témoins. Ils ne mettent pas en scène leur photographies. Le dessinateur de BD a, pour sa part, plus de liberté. C’est lui qui décide. C’est assez complémentaire, finalement.

Comment s’est passée la collaboration avec les auteurs de bande dessinée qui participent au projet ?

C’était magique. J’ai voulu des femmes et des hommes avec des univers très différents et de différents pays : France, Italie, Belgique, Congo, Espagne… C’était important de monter un projet avec divers points de vue car on ne peut agir qu’ensemble. Les artistes avaient carte blanche, j’ai donné le moins d’indications possible pour laisser leur créativité s’exprimer. Lors de mes voyages, je me laisse guider par les rencontres, je les ai donc laissés faire leur propre cheminement. Le concept est qu’on retrouve la photo dans la planche dessinée.

Angoulême est une ville avec laquelle vous avez une histoire très personnelle. Qu’est-ce que cela vous fait de revenir dans le cadre du Festival de la bande dessinée ?

J’y suis née et j’ai grandi là-bas jusqu’au lycée, effectivement. Ce retour aux racines entre en résonance avec mes démarches dans mes voyages de défense du patrimoine. Dans mon développement personnel, l’image a joué un grand rôle – en particulier grâce à mon père, mais aussi grâce à l’identité d’Angoulême, attachée à l’image avec notamment le Festival international de la bande dessinée et le Festival du film francophone d’Angoulême. Pour toutes ces raisons, le fait que ce travail soit soutenu par la ville est une reconnaissance.

Crédits : Lara-Scarlett Gervais

“Odyssée”, jusqu’au 27 janvier, dans le Jardin de l’Hôtel Saint-Simon, 15, rue de la Cloche verte,  à Angoulême. Horaires : de 10 heures à 20 heures. Gratuit. Plus d’informations sur la page de l’événement Facebook.

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