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Expo : Musique et Cinéma, le mariage du siècle à la cité de la musique, passionante, enrichissante et dépaysante

Expo : Musique et Cinéma, le mariage du siècle à la cité de la musique, passionante, enrichissante et dépaysante

23 March 2013 | PAR Marie Charlotte Mallard

Du 19 mars au 18 août, la Cité de la Musique consacre son exposition temporaire au mariage Musique et cinéma. Véritable actrice, la musique est au cœur du septième art et y tient un rôle crucial, prépondérant, et unique. Plus qu’un simple habillage, tout comme la caméra, elle anime les images et soutient les mots, les gestes pour amener au spectateur d’autant plus d’émotion, et même parfois de véritables repères, caractérisant un lieu, un personnage. Classique, jazz, rock, variét’ tous les genres ont leur place dans le septième art.

Pièce entièrement noire et moquette rouge, flyings-caisses en guise de vitrine et présentoirs, sièges de réalisateurs et écrans de cinéma, tout est fait pour se sentir tant dans une salle de cinéma que sur un plateau de tournage. Une atmosphère feutrée, intimiste, dépaysante qui nous embarque et nous plonge littéralement dans une balade au cœur de cette relation étroite, passionnée et passionnante entre les deux arts. Que l’on soit purement et proprement cinéphile, ou à l’inverse essentiellement mélomane, on ne peut qu’être captivé. En effet, le parcours retrace tant l’histoire du cinéma que l’histoire de la musique. Le but de l’exposition : mettre en lumière plus d’un siècle de musique au cinéma, de comprendre la place de la musique dans la production cinématographique, la relation entre compositeur et réalisateur, leur mode de travail. Du cinéma muet, au cinéma actuel, l’exposition pose la question de l’évolution de cette relation, de la composition sur mesure à la reprise de classiques de grands compositeurs tels que Strauss, Bach, Mozart, de l’inspiration par laquelle naîtra un plan, transformera une scène et même carrément un scénario.

Avant, après ou même pendant le tournage, toutes les étapes sont ici évoquées pour permettre au visiteur de comprendre à quel point la musique prend part à la conception, à la création du scénario. Parfois, elle est là, présente, avant le film, avant l’image et accompagne les comédiens lors des tournages pour les mettre dans l’ambiance. Le duo Sergio Leone/ Ennio Morricone fonctionnait ainsi, Michel Deville tenait quant à lui des carnets de musique et déclare penser avant même l’écriture du film à la musique. Parfois, la musique soutient l’action, amène le suspense, et joue de ce fait elle-même un rôle tel une comédienne, comme en témoigne par exemple les films de Hitchcock. Que serait la fameuse scène de la douche sans la musique stridente et angoissante qui l’accompagne ? Il est également des films entièrement musicaux, tels West Side Story, les Parapluies de Cherbourg sorte de prolongement, de version moderne de l’opéra ou de la comédie musicale, sorte d’art total tellement désiré par Wagner.

Différents espaces, différentes petites niches sont adroitement aménagés pour nous permettre de visionner extraits de films mais surtout interviews d’artistes, compositeurs, réalisateurs, tandems inséparables et inébranlables. Ainsi, Spielberg et John Williams nous racontent leur collaboration, leur mode de travail notamment pour Les dents de la mer, et montrent à quel point la vision d’une scène par le réalisateur peut changer une fois la musique composée et proposée. Spielberg exprime d’ailleurs son impatience parfois à entendre la musique de John, son questionnement également lorsqu’il tourne une scène sur la vision musicale qu’aura son ami et complice. Maurice Jarre nous narre quant à lui l’écriture de la partition de Laurence d’Arabie. Au centre de l’exposition, un grand écran projette les différents génériques des films les plus connus, tels La Panthère rose, Indiana Jones, Edward aux mains d’argent. Mais ce qui attire particulièrement notre attention est la partie MIXAGE de l’exposition. Certes, très peu de choses sont exposées à ce sujet, seulement quelques carnets de travail. Néanmoins, une petite pièce insonorisée, un studio de mixage simplifié, composé d’un petit écran de cinéma sur lequel passe des extraits de films tels Mesrine ou Gainsbourg, donne accès à un jeu ludique. Au centre, un écran tactile permettant de changer les niveaux des pistes de musiques par rapport aux dialogues, aux sons, aux bruitages. Ainsi, en jouant avec les différents niveaux sonores, le visiteur comprend comment l’on équilibre, le son, la parole, le simple bruit et la musique, et ce que cela peut modifier sur  la perception, et la réception d’une scène.

En sous-sol, différents modules interactifs sont à disposition pour se repasser ses extraits musicaux de films favoris, un énorme jukebox permet de diffuser également des extraits, enfin une grande salle de cinéma composée de trois écrans, diffuse en continue des extraits de films dont la musique revêt une importance particulière. De L’amant à Apocalypse now, en passant par Barry Lindon, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, La leçon de piano, Out of africa et bien d’autres encore. In fine, on sort enchantés et dépaysés de cette exposition extrêmement bien menée, tant au niveau du fond que de la forme, du décor. Informative, ludique, elle nous fait voyager au cœur du septième art certes, mais surtout au cœur de cette relation charnelle entre musique et cinéma, au coeur d’un art total. Notre seul regret est de ne pas en avoir eu assez, et qu’elle soit trop petite à notre goût, trop courte, de même certains extraits vidéos.

 

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Marie Charlotte Mallard
Titulaire d’un Master II de Littérature Française à la Sorbonne (Paris IV), d’un Prix de Perfectionnement de Hautbois et d’une Médaille d’Or de Musique de Chambre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Cergy-Pontoise, Marie-Charlotte Mallard s’exerce pendant deux ans au micro d’IDFM Radio avant de rejoindre la rédaction de Toute la Culture en Janvier 2012. Forte de ses compétences littéraires et de son oreille de musicienne elle écrit principalement en musique classique et littérature. Néanmoins, ses goûts musicaux l’amènent également à écrire sur le rock et la variété.

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