
Axel Lieber, artiste allemand à Paris
L’exposition « Pari » de Axel Lieber est une belle occasion de découvrir le travail d’une galerie qui vient d’ouvrir dans le quartier République. Fondée en 1991 à Berlin, la galerie Vincenz Sala s’est un temps exportée à Bruxelles. Aujourd’hui, la galerie a réintégré sa ville d’origine et se propose de venir à la rencontre de notre capitale avec moult talents dans sa besace.
« Vous reprendrez bien un peu de café ? » croirait-on entendre en rencontrant cette tasse digne d’Alice au pays des merveilles. Quels drôles de lutins fréquente donc Axel Lieber, qui lisent le marc de café dans une seule et même tasse géante constellée de minuscules anses ?
Bienvenue dans le monde étrange de cet artiste allemand né en 1960 à Düsseldorf, où les objets les plus familiers prennent un aspect dérangeant, si ce n’est menaçant : que nous veulent ces minuscules chaises boursouflées de rivets, ou encore ces miroirs fragmentés ?
Et s’ils n’étaient que les victimes d’un bourreau déboussolé, éreinté par un quotidien où l’hyperréalité le dispute au superflu et à la redondance ? Peut-être ces propositions étranges sont-elles plus une parade qu’un avatar de son imagination ; sa légitime défense, en quelque sorte.
Découpés, collés, éclatés, soudés, ils sont en définitive arrachés à leur échelle d’origine, contraints de s’adapter à un univers devenu trop réduit ou trop vaste pour eux. C’est bien cela qui nous attire dans cet inventaire à la Perec : l’impression qu’Axel Lieber se laisse sans doute surprendre lui-même par les créatures étranges auxquelles ses manipulations donnent naissance.
Et quels objets nous sont plus intimes que nos vêtements ? À plusieurs reprises, Axel s’en est également pris à notre accoutrement, du pantalon devenu entonnoir à la chemise réduite en haillons, dont seul le col amidonné a conservé sa prestance. Nos souliers ne sont pas épargnés : on ne sait définitivement plus sur quel pied danser.
Un travail en équilibre instable, qui n’exclut pas l’humour, traversé par une légèreté douce-amère qui semble être le fil rouge entre les artistes présentés depuis l’inauguration de la galerie à Paris le 10 septembre dernier (Franziska Jyrch, Tine Steen, Christiane Seiffert et Myriam El Haïk).
Une galerie et des artistes à suivre…